Extrait du journal

LH BOTTE ESCHâBTÊE Le Cri ri Alger raconte un épisode do la jeunesse de Viviani. Il était, en classe, un petit turbulent. Le censeur des études du lycée d’Alger, M. Demézy, le mit un beau jour à la porte de la classe avec un bon coup de pied quelque part. C’est ce coup de pied qui avait décidé de l’orientation de Viviani,— sans que je veuille prendre le mot orientation dans le sens qu’on lui donne rue Cadet. Ainsi, il y a quatre ans, Viviani n'étant que ministre du Travail, alla se promener en Algérie. Au café, son apéritif se trouva voisin de celui de M. Demézy, l’ancien censeur à la botte un peu prompte. — Monsieur Demézy, lui cria le ministre, pourquoi ne venez-vous pas me serrer la main ? J’ai été votre élève autrefois 1 Vous ne vous rappelez pas ? — Que trop 1 monsieur le ministre 1 Que trop ? — Pourquoi trop ? — A cause de... cet incident, vous savez bien 1 J’ai craint que vous ne m'en gardiez rancune ! — Et pourquoi donc ? Mais vous avez eu absolument raison de m'envoyer votre pied dans le... département du Bas-Rhin... Je vous en félicite chaleureusement ! J’en ai bien vu d’autres, depuis que je suis dans la politique ! 11 faut de la discipline ! Sans discipline, rien à faire !... C’est votre botte qui m’a envoyé dans le bon chemin. Et le Cri d'Alger conclut : « M. Viviani était prédestiné à devenir grand maître de l’Université. » On ne connaissait pas, avant cet incident, la vertu d’un coup de pied bien dirigé par M. Demézy. Combien d’anciens élèves du lycée d’Alger regretteront de n’avoir pas été traités de la même façon par ce censeur porte-bonheur ? Combien de politiciens auxquels le maro quin fut inconstant ou rebelle regretteront de n’avoir pas fait leurs études au lycée d’Alger et de n’avoir pu prendre contact avec ce talisman : la botte de M. Demézy ! — Jean Drault....