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La République française, 28 avril 1909

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La République française
28 avril 1909


Extrait du journal

Le crime d’un ordonnance — Ruy Blas artilleur — Une jeune fille grièvement blessée par l’ordonnance de son père Mlle Briard, fille du capitaine d'artillerie Briard, demeurant 4 bis, rue Borgnis-Desbordes, à Versailles, travaillait avant-hier, vers deux heures de l’après-midi, au salon, lorsque l'ordonnance Priol, qui se trouvait à l’étage au-dessus, l’appela et la pria de l’aider. Dès qu elle fut sur le palier, le jeune homme se trouva devant elle, sortit un re volver et, la poussant dans un chambre, lira dans sa direction quatre coups de son arme. La jeune fille, bien que grièvement atteinte, put s’enfuir chez un voisin. La police, prévenue aussitôt, perquisition na partout et finit par trouver l'ordonnance caché dans une petite cuve. Son revolver n’était plus chargé, bien qu'il eût encore trois cartouches dans sa poche. M. le capitaine Briard, qui est veuf et a trois enfants, était à Paris avec la plus jeune de ses filles, pendant que se déroulait ce drame. La blessée a été transportée à l'hôpital ci vil, où elle a reçu les soins nécessaires ; le revolver était heureusement de petit calibre, et les balles dont une a atteint le cou et les trois autres se sont logées dans le dos, pour ront être extraites. L'ordonnance a déclaré au commissaire central qu’il était amoureux de Mlle Briard et que, désespérant de se faire aimer d’elle, il avait décidé de la tuer. A cet effet, il avait acheté le revolver qu’on avait trouvé sur lui. Originaire de Bordeaux, Priol avait été envoyé au 23e d'artillerie, à Touoluse, et attaché en qualité d’ordonnance au capi taine Briard: celui-ci l’avait emmené lorsque, du 23e d’artillerie, à TouVouse, il avait été appelé à la direction de l’artillerie à Ver sailles. 11 était en subsistance au 22e. Dans la soirée, le général Azibert, informé de l’affaire, a chargé le commandant Blan che n de faire une enquête. Cet officier su périeur, qui était assisté, à titre de gref fier, de l’adjudant Wysmeyer, a interrogé le meurtrier, qui a déclaré que la jeune fille, lorsqu’il lui avait fait l’aveu de son amour, l’avait traité de fou, et avait raconté la scène à son père. C’est pour se venger de l’une et de l’autre chose que Priol avait dé cidé de la tuer. Il rfa manifesté aucun regret de son crime. Les officiers instructeurs ont entendu hier matin la déposition du malheureux père, dont la douleur est navrante. Celui-ci a re connu avoir été mis au courant par sa fille des faits graves qui avaient entraîné, pour leur auteur, une réprimande suivie d’une sanction disciplinaire*...

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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