Extrait du journal

Et puis après Il est vraiment très difficile d’être ingénieux.’.: Eur'ehat mes officiers enlèvent leurs danseuses, les pères et les maris se fâchent et je suis insultée. Le suis-je? voilà la question. Cette plaisanterie renouvelée des premiers temps de l’histoire romaine pourrait être encore mal jugée par les gens prévenus; car jusqu’ici les Sabins ne passent pas pour avoir insulté les Romains en se laissant enlever leurs femmes et leurs filles. Ah ! mon dieu ! comme on écrit l’histoire ! cela fait pitié ; si l’on pouvait décider un Piémontais à ravir une Autrichienne, ce serait parfait ; mais pourrons-nous l’y décider ? Ciel! quel éclair traverse mes lobes cérébraux !... Oui, j’ai trouvé mon aiguille.dans sa botte de foin 1 Il faut tout simplement que ce soient les Italiennes qui enlèvent mes officiers autrichiens ; ils sont assez jolis pour cela. De la sorte, moi seule serai lésée et aurai le droit de me plaindre. Un sous-lieutenant invite une jeune fille à danser; il est beau, elle est sensible ; il est pressant, elle est faible. A la trentième valse la pauvrette est vaincue. Elle va cé der, elle cède ! Et la colombe éperdue palpite sous la serre du vautour à deux têtes. — Mon cher Fritz, où me conduisez-vous? — Chez vous, ma Bianca adorée. — Comment! chez moi? — Oui, car il est écrit que l’Autrichien quittera sa fa mille, son régiment et même son uniforme blanc pour suivre celle qu’il aime! Enlevez-moi, Bianca, je vous appartiens. Agneau docile, je m’attache à vos pas. Si la belle résiste et ne veut pas reprendre le chemin de sa maison, mon lovelace se fait enlever de force. Se faire enlever de force! Que d’imprévu dans ces cinq mots! • J’étais seule capable d’inventer le rapt à l’amiable : où le plus ravi des deux n’est pas celui qu’on pense. C’est dit; je donne un bal et mon sous-lieutenant Hé lène sera déshonoré par une jeune Paris. Si avec ce dé but qui a fourni aux Grecs un siège de dix ans je no trouve pas de quoi entamer une pauvre petite campagne de trois mois, je me déclare incapable d’inventer aucune intrigue, et je prends pour collaborateurs le feld-maréchal Dennery et le ban AniceSBourgeois. Louis Lerov....