Extrait du journal

S*=ssAt&'- • sans doute à trouver que tout va pour le mieux, puis qu’il n’y a eu dans le pays qu’il administre que seize cas d’antropophagie. M. Francis Magnard soulevait l’autre jour, dans le Figaro, une question de la plus haute importance : « Une des causes, disait-il, qui ont abaissé de beau coup le niveau de la littérature dans le journalisme politique, c’est assurément le système de compte rendu analytique qui, pendant six mois de l’année, absorbe la moitié des journaux. Le public serait autant et mieux instruit des affaires du pays et de l’importance des dis cussions, par im court résumé qu’il lirait que par le compte rendu qu’il ne lit point. » Avez-vous jamais rencontré, par exemple , un homme qui suive les réponses des ministres aux mem bres de l’opposition ? » Outre cela, le journalisme a été obligé de renoncer presque absolument à la critique, au mouvement litté raire ; on a restreint au strict nécessaire le feuilleton de l’information scientifique; bref, on est arrivé à une monotonie sans exemple. » Bien de plus juste que les observations qui précè dent. Le système du compte-rendu analytique forcé à perpétuité est pour le journalisme politique une cause d’épuisement infaillible. De même qu’un membre s’ankilosequana on a cessé de s’en servir, de même l’art du polémiste qui, avec les Carrel, les Marast, fut une des gloires de la France, fi nira par mourir d’inanition, séquestré qu’il est au bé néfice des fameux comptes-rendus. Plus de place pour la discussion, pour la littérature, pour la haute critique, pour rien de ce qui élève et polit l’esprit. Il faut que l’univers sache avec détail que M. X... a dit: Très bien ! très bien ! ou que M. Y... a prononcé do sa place quelques paroles que le bruit n'a pas per mis d'entendre. Le marasme obligé dans lequel le système actuel plonge la presse vient une fois de plus prouver que l’absence de liberté est en tout et partout une cause de dépérissement et de décadence. Pierre Véron....