Extrait du journal

Connais-tu le pays où fleurit la révolte ? Le despotisme sème et l’émeute récolte... Les nouvelles qui arrivent d’Espagne tendent à révé ler une situation vraiment extraordinaire. Le gouver nement se sent tellement impopulaire à Madrid que le moindre bruit lui semble un signal de révolution. S’il tonne, M. Gonzalès Bravo saute à bas de son lit en s’écriant : — Des feux de peloton, c’est la garnison qui se sou lève! Si un enfant tire un pétard, le meme Gonzalès fait le signe de la croix en murmurant : — Nous sommes perdus, c’est le général Prim. Or, comme rien ne rend plus féroce que la frayeur, il en résulte qu’on est arrêté pour un oui ou pour un non, envoyé en exil on transporté. C’est ainsi que les choses se sont passées cette fois encore. De complot, il n’y en a trace que dans les conseils du gouvernement, qui passe en quelque sorte son temps à conspirer con tre ceux qu’il redoute. Et voilà comment tout pouvoir qui veut faire de l’absolutisme au dix-neuvième siècle est destiné à de venir tôt ou tard la victime de son principe même....