Extrait du journal

c Comme il y a parmi les actionnaires et les abonnés du journal les Côtes-du-Nord des chrétiens et des chrétiennes qui veulent pratiquer leur religion, il est nécessaire qu’ils sachent qu'ils encourent Vexcommuni cation dont ils ne 'peuvent être absous que par le pape ou par quelqu'un muni des pouvoirs spéciaux du pape, et cela parce que ce journal contient des hérésies. Il en est de même de ceux qui lisent ce journal sans permission du pape. » Sacristie ! il n*y va pas de main morte, le docteur ! Quelle terrible revanche il prend sur son confrère Fi garo. « Va te coucher, Basile, s’écriait celui-ci : tu sens la fièvre ! » Aujourd’hui le docteur fait dire par Basile : «Va te confesser, Figaro : tu sens l’hérésie! » Jusqu’à présent, nous connaissions des journaux — des bons — qui donnent des indulgences pour primes: La remise d’un péché véniel pour un abonnement de trois mois, la rédemption d’un péché mortel pour un abonnement d’un an. Nous aurons dorénavant des journaux —des mauvais — aux flancs desquels les saints du jour attachent l’anathème * Pour un abonne ment de trois mois, l’excommunication mineure: pour un abonnement d’un an, l'excommunication majeure. Après avoir transformé les indulgences en asticots pour pêcher les abonnés à la presse orthodoxe, on se sert du démon comme» d’un bonhomme do paille pour éloigner les amateurs des bureaux d’abonnement des feuilles mal pensantes. Les cléricaux contemporains connaissent Dieu et le diable, et savent la manière de s’en servir. A propos de Dieu, si, ce qu’à lui ne plaise, il tenait compte des primes et des contre-primes que distiibuent ici-bas scs prétendus mandataires aux bons et aux mauvais abonnés, les bureaux célestes seraient fort embarrassés. On finirait par être obligé d’instituer là-haut une commission de l’estampille... Pour le coup c’est Satan qui rirait! En attendant, la presse officieuse, exagérant encore le discours de M. le ministre do l'intérieur, proclame sur tous les tons — les tons faux de préférence — que le système des candidatures officielles, même comme l’amplifient certains préfets, et comme l’outrent cer tains gardes champêtres, comble de satisfaction les populations électorales. Si cela était, il en résulterait deux choses : — 1° que tous les goûts sont dans la na ture . _ 2° que tous les dégoûts n’y sont pas. Pierre Véron....