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Le Charivari, 24 janvier 1859

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Le Charivari
24 janvier 1859


Extrait du journal

Du boulevard des Italiens, dimanche 23 janvier 1859. Monsieur le rédacteur, Deux mots seulement ; je ne suis pas d’humeur à écrire une lettre ; le sangfroid me manquerait. Comment! sa medi dernier, je laisse la rente à 69 fr., bien convaincu comme tous les gens sensés que la hausse va reprendre le dessus ; à la bourse de mardi on atteint presque le cours de 70 fr. Tout à coup paraît dans un journal un article qui a l’air de laver la tête à la spéculation, qui semble la traiter de folle, d’insensée, parce que la rente monte de 20 à 30 sous après 5 fr. de baisse. Si vous ne voulez pas qu’on se rassure, dites-le tout de suite, on saura du moins à quoi s’en tenir; jetez-nous dans le brasier et ne nous mettez pas sur le gril. Puisque le public a la bêtise de croire à vos articles, ménagez-le, que diable! Ce n’est pas le moment de rire et de faire peur aux gens pour s’amuser. Après les articles viennent les nouvelles. En veux-tu? en voilà ; quand il n’y en a plus, il y en a encore. Une nouvelle, deux, trois, quatre, cinq, six nouvelles, dix nouvelles par jour! Vous vous étiez imaginé peut-être en voyant la rente à 69 fr. qu’elle va s’en tenir là, et même qu’il n’est pas impossible qu’elle aille plus loin, puisque vendredi matin vous la trouvez à 69 40. Et les nouvelles donc 1 en vingt-quatre heures on baisse de vingt sous pour cause de canards. La bourse de Paris se con duit comme une véritable bourse de Garpentras! il n’est pas de bourde qu’on ne puisse lui faire avaler. La coulisse, pendant toute la semaine, s’est encore amusée à faire la contre-partie du parquet. Elle a vendu, vendu, vendu jusqu’à extinction de chaleur naturelle. Mettez plus de 3 millions pour les ventes faites par la coulisse au parquet et plus de 2 millions pour les rentes achetées par le comptant, vous risquez fort d’être encore au dessous de la vérité. La rue Laffitte n’a pas cessé ses achats, et la place Ven dôme a continué ses ventes. Qui l’emportera? Du côté de la première il y a l’argent; du côté de la seconde il y a tous les gobe-mouches delà spéculation. Qui me ré pond même qu’au premier canard lâché demain à la Bourse l’argent ne va pas perdre la tramontane ? Tenez, monsieur le rédacteur, je crois que si demain °R lisait dans le Moniteur : Vienne, 25 janvier. « M. de Bourqueney a demandé ses passeports, il parBra ce soir avec tout le personnel de l'ambassade, » la baisse cesserait comme par enchantement; il n’est pire ftal que l’incertitude. La Bourse, faute de savoir rien de Précis sur la situation, s’en rapporte à des 'articles de journaux qui un jour disent blanc et le lendemain di sent noir. J’ai beau crier à mes cliens sur tous les tons : ^ position de la place est excellente, l’argent est plus abondant que jamais sur le marché ; ils me répondent Par des phrases de la Patrie et du Constitutionnel. La Bourse est toquée de politique, j’y perds vraiment mon latin. Cependant huit jours à peine nousséparent de laliquiahon. Bien des mouvemens, il est vrai, peuvent avoir leu d’ici là ; il faut bien néanmoins commencer à comper aytc cette échéance. Que dans le courant du mois la...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
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