PRÉCÉDENT

Le Gaulois, 6 août 1882

SUIVANT

URL invalide

Le Gaulois
6 août 1882


Extrait du journal

Telle est l'exposition de ce drame. On croirait lire un horrible roman d'aven tures. Tout y est : l'amour des deux frè res, la jalousie de l'un, la mort du pré féré, le crime au coin du bois, la justice dépistée, le prévenu acquitté, et le fil léger resté aux mains des juges, ce bout de papier noir de poudre. Et, maintenant, vingt ans s'écoulent. Le cadet, marié, est heureux, riche et considéré ; il a trois filles. Une d'elles va se marier à son tour. Elle épouse le fils d'un ancien magistrat, un de ceux qui siégeaient autrefois lors de l'assas sinat du frère aîné. Et voilà que le mariage a lieu, un grand mariage de campagne, une noce. Les deux pères se serrent les mains, les jeunes gens sont heureux. On dine dans la longue salle du château ; on boit, on plaisante, on rit, et, le dessert venu, quelqu'un propose de chanter des chan sons, comme on faisait au temps an cien. L'idée plaît, et chacun chante. Son tour venu, le père de la mariée •cherche en sa tête de vieux couplets qu'il fredonnait autrefois, et peu à peu il lAQ rpfrAUVP Ils font rire, on applaudit ; il continue, entonne le dernier; puis, lorsqu'il a fini, son voisin le magistrat lui de mande : « Où diable avez-vous trouvé cette chanson-là? J'en connais les der niers vers. Il me semble même qu'ils sont liés à quelque grave circonstance de ma vie, mais je ne sais plus au j uste ; je perds un peu la mémoire. » Et, le lendemain, les nouveaux ma riés partent pour leur voyage nuptial. Cependant, l'obsession des souvenirs indécis, cette démangeaison constante de retrouver une chose qui vous échappe sans cesse, harcelait le père du jeune homme. Il fredonnait sans repos le re frain qu'avait chanté son ami, et ne re trouvait toujours pas d'où lui venaient ces vers qu'il sentait pourtant gravés depuis longtemps en sa tête, comme s'il avait eu un intérêt sérieux à ne les point oublier. Deux ans encore se passent. Et voila qu'un jour, en feuilletant de vieux pa piers, il retrouve, copiés par lui, ces ri mes qu'il a tant cherchées. C'étaient les vers restés lisibles sur la...

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

En savoir plus
Données de classification
  • grévy
  • ferry
  • gambetta
  • brisson
  • de freycinet
  • wilson
  • scholl
  • andré
  • albert
  • bris
  • paris
  • egypte
  • vienne
  • pau
  • londres
  • russie
  • bruxelles
  • new-york
  • grèce
  • havre
  • la république
  • union postale
  • suez
  • ecole des beaux-arts
  • tyler
  • musée grévin