Extrait du journal

Aujourd'hui même qu'il n'est plus, il ne disparait pas comme autrui; iF demeure, au contrdre, comme une des plus'solides personnifications de l'intelligence au. dixtieuvième siècle, de son pouvoir, de son action et de-sa force de résistance. En effet, il possédait la qualité maîtresse qui est ~ou devient, si rare, je veux dire l'équilibre -des facultés. Ni l'éclat du génie littéraire, ni des succès et les surprises de l'habileté politique .ne peuvent se comparer au développement égal d'une intelligence puissamment -constituée, qui, embrassant la complexité !.des choses, peut mener du même train le travail et les affaires, et manier aussi bien -les questions et les hommes. M. Guizot tra'versa tour à tour le monde intellectuel, le 'monde religieux et le monde parlementaire, en y marquant du premier coup sa place, qui fut celle d'un pilote au regard pénétrant et ferme sa figure même répondait à ce caractère de son esprit, et dans les orages de la discussion il irritait.autant qu'il dominait, par le dessin arrêté de son profil. Son originalité, dans un temps qui applaudissait à toutes les audaces des écrivains et des partis, fut pour ainsi dire de n'avoir pas d'originalité. On se tromperait fort si l'on croyait, d'après les biographes, que son premier cours à la Sorbonne fit sensation. Il apparut alors à ses auditeurs, peu nombreux, comme un jeune docteur solide et sans éclat. Le succès comme l'on dit, ne fut bruyant qu'à sa rentrée, au second cours, après ses querelles politiques....