Extrait du journal

Non, un politicien comme les autres, et tout à l'heure, avec eux, j'en préparais la cuisine. En ne faisant pas la justice quand je peux la faire, je commets une grande faute, quoi que tu en dises. En restant premier ministre, j'en commets une seconde, pire, pire Ou.i, je monterai a. la tribune tout à l'heure et, malgré ce que je t'ai dit, j'y retrouverai cette sorte d'ivresse que je connais bien et pourquoi ? Ah l'abjection Pourquoi l'aurai-je cette ivresse ? Parce que je sentirai que je garde le pouvoir et que le pouvoir, je l'aime depuis que j'y ai goûté Commander, être obéi, agir au loin, dilater sa personnalité sur tout un pays, c'est une jouissance de force et d'orgueil inouïe et que je ne connaissais pas Ma conscience me crie « Tu dois t'en aller, tu .ne peux t'estimer encore que si tu te punis toi-même va-t-en ~t une autre voix me répond <' Alors, ce sera fini. x Je ne peux pas supporter l'idée que ce soit uni, que je ne sois plus le maître, car, à cette heure, je suis le maître de la France. Je le resterai, mais a. quel prix Je prononcerai ce discours, tu as raison, j'aurai mon grand coup de gueule des beaux jours le remords dont je me sens bourrelé me donnera du talent, j'en suis sûr Je verrai Delattre et Sandoz s'enondrer devant moi et je me dirai ~« Porta. tu es une canaille, tu ne vaux pas mieux qu'eux Je trouverai dea arguments pour retourner la Chambre, j'en suis sûr. Je me sens si fort A la façon dont je tiendrai le coup, iis penseront tous il n'est pas seulement un tribun, il est un homme d'Etat. Ils le crieront tout haut, et moi je penserai tout bas que je ne suis plus un honnête homme....