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Le Gaulois, 27 juin 1923

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Le Gaulois
27 juin 1923


Extrait du journal

Le sage, le judicieux article de M. Louis Uillet, paru ici-même, a touché une question, celle du faux dans les œuvres d'art,. qui prête à des réflexions inépuisables' et qui éveille toujours l'attention du public. Lee rois de Parthenay, ces fameux crois aux pieds nus, reçoivent beaucoup plus de visites, depuis que leur authenticité a été publique nent contestée, et quant à ces lansquenets de Contrisson, qui, si nous en croyons ce qu'on nous raconte, ont repoussé tout entiers. comme,des plantes qu'on arrose, d'un pied ou d'une. pantoufle qui seuls en restaient les armes dont ils sont pourvus ne leur servent de rien contre tous les regards qui les attaquent depuis quelques jours. Qu'il y ait dans cette curiosité du public un peu de malice, cela ne fait pas de doute, mais, en somme, cette malice n'est pas bien cruelle et ne mérite guère d'être blâmée. Dans Tim-, mense comédie où chacun de nous est tour à tour acteur et spectateur, il est naturel, il est même bon que le parterre s'égaye parfois aux dépens des doctes. S'il arrive que l'on dé-. couvre dans nos musées quelques .pièces qui ne méritaient pas d'y figurer, cela fera rire les profanes, sans étonner les connaisseurs. Entre ces extrêmes, il est pourtant des amateurs ingénus que ces révélations ne laissent pas de troubler., « Quoi, se disent-ils, dans ce domaine qui était pour nous celui de la certitude, le mensonge s'était glissé Nous risquions d'attacher notre enthousiasme à des objets indignes! » Leur consternation et leur humiliation sont '̃ tee-s que, pour un peu, ils renonceraient aux jouissances que les aria proJ curent, puisqu'elles peuvent donner lieu à de telles tromperies. Ils ressemblent à des dévota à qui l'on apprendrau soudain que le diable s'est introduit dans le paradis, et..qu'il s'y promène. Dans, le premier saisissement de leur surprise, ils parent en effet les faussaires d'un prestige presque infernal. Pourtant, s'ils y réfléchissaient un peu plus, ils .auraient moins de honte de s'être laissé surprendre. Les faussaires, en effet, alors même qu'ils nous abusent, ne composent leur mensonge qu'avec des morceaux de vérité. Ils empruntent â nnestatue l'air de son visage, à une autre le Reste de son bras, de sorte que l'âme d'un art, souffrante et contrariée, palDite encore sur leur ouvrage adultère. II n'est pas iusqu'aux vieilles pierres, pillées par eux dans l'herbe des ruines, qui ne .prêtent aux fausses antiquités qu'ils fabriquent uno authentique douceur. Oue les amateurs crédules ne rougissent donc pas d'avoir été dupes. Par une voie détournée, leur amour allait tout de même des beautés véritables....

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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