Extrait du journal

Depuis ce quantième fameux, la science a retiré la parole aux sorciers; aux charlatans, aux astrologues, et l'a passée aux géologues, aux physiciens, aux astronomes. Ceux-ci, guettés à tous les coins de pronostics par l'opinion pu blique et par les humoristes, se méfient. Le plus grand progrès de la science moderne, c'est la prudence. Les savants d'aujourd'hui prévoient bien la fin du monde (ce qui n'est pas malin, parce qu'il faudra bien que ça finisse un jour), mais, ils lui assignent comme cause un refroidissement lent qui, s'il semble rapproché au regard de l'éternité, donne un certain répit à des êtres dont la durée est dérisoire. Il s'agit de millions de millions de siècles. La terre a le temps de tourner et nos petits-fils de se retour ner. Et si, quand viendra la fâcheuse échéance, il s'en faut dé quelques mil lions d'années que le calcul ne soit exact, qui se chargera de rechercher les responsabilités ? *...