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Le Petit Journal, 17 juillet 1937

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Le Petit Journal
17 juillet 1937


Extrait du journal

LE drame espagnol qui se prolonge,met la paix.de l'Europe en. péril. Il nous a, déjà, au mois d'août dernier, conduits à un fil de la guerre. L'aveu est de M. Léon Blum. Et voici qu'à leur tour, les mois . . de cet été 1937, après les incidents du « Deutschland » et du « Leipzig », s'annoncent chargés d'orages. C'est le moment de voir clair et de ne pas commettra une faute. De parler net aussi. Pour ma part, j'y suis prêt à ce poste difficile où m'a placée l'affectueuse confiance du colonel de la Rocque et où, comme je l'ai fait ailleurs, je mefforcerai de servir mon pays. De mon mieux. Au Parti Social Français, nous ne nous payons pas de mots. Mous sommes dans la vie et la rude réalité. Aussi, dans notre politique extérieure, pas d'idéologie et encore moins de chimères. Genève repose aux bords de son lac. Le Govenant, le Pacte, la sécurité collective, tout le lourd appareil des procédures et des textes sont en sommeil. Ils renaîtront peut-être, le jour où les hom mes seront devenus des anges et où la Sagesse aura marqué de son signe le front des peuples. Hélas, nous n'en sommes pas là. Pour le moment, l'heure est à la Force. A la Forcé qui, seule, peut garantir le Droit. Une véritable frénésie d'armements s'est-empa rée du monde entier. L'Allemagne, en deux ans, y a sacrifié 150 milliards et l'Angleterre, revenue de sa longue > erreur, est, en train de forger la plus puissante armure dont elle ait jamais revêtu son empire. Mais ces montagnes d'acier n'ont pas la même âme. Les uns arment, en conquérants, et avec une volonté certaine d'agression. Les autres, dans le «seul but de défendre leurs frontières et leur liberté. Suivant que ceuxci ou ceux-là l'emporteront dans la balancé des forces, c'esf ta .paix ou la guêtre. Là est le fond du drame. J'ai la certitude qu'avant tout, c'est de la force dè (a France quei dépend la paix de l'Europe. Car la France est foncièrement, unanimement pacifique. Elle ne revendique rien .et ne menace personne. Anciens combattants, nous' haïssons la guerre parce que nous l'avons faite et ce serait trahir nos morts que de ne pas mettre tout en œuvre pour préserver notre pays — leur pays I —du retour de la hideuse calamité. La .France, nous la voulons forte de son âme, de .son armée, de ses amitiés. L'âme de notre peuple, sa trempe, sa résurrection dans l'honneur, dans la fierté, dans la foi, dans la frater nité aussi sur les ruines de la haine. Mais, cela, c'est la raison d'être du P. S. F. C'est notre mission, et nous n'y faillirons pas. Notre armée, elle a défilé mercredi, sous des rafales d'acclamations et d'enthousiasmes, dans un vrai climat d'apothéose. Nous la voulons encore plus solide et plus prête. Cet effort accru, indispensable, nous l'attendons d'un ministre dont il nous plaît de reconnaître les mérites et l'effort et de chefs dignes des plus grands. Quant à nos amitiés, c'est surtout d'elles que nous aurons & nous occuper ici. Aujourd'hui, je n'en dirai qu'un mot. Les temps ne sont pas très-lointains où une entente franco-britannique aussi étroite que celle qui s'est mani festée ces temps-ci aurait été la garantie certaine de la paix. Cela sera, sans doute; à nouveau vrai dans quinze ou vingt mois. Mais d'ici là ? Pendant cette période qui sera précisément fa période de la Tentation, comment décourager la folie d'un agresseur éventuel ? Ma réponse est connue. Je l'ai donnée bien souvent à la tribune de la Chambre. Une amitié solide, étroite, inébranlable de la France avec les Etats de la PetiteEntente et de l'Entente Balkanique, d'une part, avec la Pologne, d'autre part, peut, seule, nous assurer et assurer à l'Europe des lendemains tranquilles et heureux. L'Allemagne l'a bien comprit et nous savons ses intrijgues pour briser l'union de ces peuples et détruire cette amitié. Malgré certaines apparences, il ne semble pas qu'elle y ait, encore réussi. Et, parmi tant d'inquiétudes, j'ai marqué d'un caillou blanc les longs et intimes entretiens soit à Varsovie, soit à Paris, du maréchal Ridz-Smigly avec le général Gamelin, et, au lendemain du rapproche ment italo-yougoslave paré de tant d'éclat, et sans doute de quelques illusions, je salue avec joie la présence parmi nous du général Neditch, chef jd'état-major de la vaillante armée yougoslave. Nous sommes là au centre d'une saine, d'une sage et bonne politique. Tenons-nous y fermement, obstinément. Les fruits ne tarderont pas à mûrir — même en terre d'Italie — car, sachant ce que je sais, je ne parviens pas à m'imaginer autrement que passagère l'entente entre le Duce latin et le Fiihrer allemand. Quant «u pacte franco-soviétique, je le connais bien'. Tel qu'il est, il ne signifie pas grand'chose et, EN TOUT CAS, NE NOUS ENGAGE A RIEN. C'est l'unique raison pour laquelle nous n'en demandons pas la dénonciation....

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

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