Extrait du journal

Nord de la France, le 3 mars. Les colonnes d’infanterie allemandes ont f marché courageusement à la mort devant Verdun, voilà qui est entendu. Nous som mes d’autant mieux à l’aise pour le recon naître que l’évident courage teuton s’est heurté là, une fois de plus, à une bravoure de qualité bien supérieure. Car l’homme qui, sous les averses d’acier, conserve jus qu’au bout le sang-froid nécessaire pour exécuter, au commandement, les marches en arrière, les arrêts défensifs, les contreattaques, toutes les manœuvres délicates, en un mot, que comporte un savant mou vement de repli, cet homme-là déploie un courage incomparablement plus beau que l’assaillant qui se rue aveuglément contre lui.. La supériorité de nos héros, en cette ma tière comme en toutes les autres, sur les brutes allemandes, nous permet donc de re chercher les causes du mépris de la mort dont ces dernières viennent de faire preuve, sans paraître essayer de ravaler leur mé rite., Une de ces causes, une des raisons pour lesquelles les masses allemandes se ruè rent sur nos fusils, nos mitrailleuses et nos canons, ne serait-elle pas précisément la conviction, accréditée parmi ces masses, que fusils, mitrailleuses et canons français n’existaient pour ainsi dire plus au mo ment où la ruée fut déclanchée ? On a le droit de le supposer, quand on sait de quel déchaînement de férocité s’accompagna le bombardement préparatoire de nos lignes par leur artillerie.,* Non seulement ce bombardement fut d’une violence et d’une intensité sans exemple auparavant. Il se perfectionna en core de mille raffinements, d’une « kultur » exaspérée par la volonté d’en finir coûte que coûte avec ses adversaires. Dans la grêle ininterrompue de projectiles qui...