Extrait du journal

Nous ne pouvons suivre M. do VilleboisMareuil dans sa démonstration ; mais, officier supérieur, il a passé par là et con naît le fort et le faible de notre armée ; il dit sa douleur et son effroi do voir so répandre le dégoût de la caserne et de sentir passer,sous le sommeil apparent d’un reste de discipline, d’étranges rêves de liberté, dos révoltes contre ces murs qui, dans le mensonge moderne, assimilent la vie militaire à une oppression de collège. C’est pourquoi il est urgent de réagir. M. do Villebois-Mareuil est d’avis qu’à travers nos changements politiques, le vieux prin cipe de sélection militaire s’est perpétué.Le soldat restait un être de profession à part, d’une profession ennoblie par le respect de tous, et cela ne troublait en rien les droits égalitaires d’une saine démocratie,puisque le métier des armes s’ouvrait à quiconque y apportait les aptitudes requises. L’esprit militaire s’avlvalt de cette sélection recon nue, do même qu’il s’en va mourant do l’obligation générale. Ouvrons la carrière à l’homme de troupe subalterne et le vieux souille français y poussera encore de vrais soldats. M. do Foltre, député sous la précédente législation,avait déposé un projet de loi qui s’inspirait de ces considérations et qui,dans ses données générales, recrutait annuelle ment l’armée active de 65,000 engagés ou rengagés pour cinq ans, ce qui la compose rait exclusivement de près do 400,000 sol dats de métier, en réduisant, d’autre part,à un an la durée de l’incorporation du contin gent total. M. Plichon a repris le projet tout dernièrement, lors de la discussion du budget de la guerre. Enfin, M. de Feltre vient d’écrire à ses anciens collègues de la Chambre, leur proposant, pour faire un essai de son système, d’ouvrir pendant cinq ans,à part ir de 1901,un crédit do 4,800,000 fr. qui permettrait au ministre d’offrir à 20,000 engagés ou réservistes des primes et hau tes paies correspondant à des engage ments de cinq ans. Ainsi la question est brûlante et l’étude qu’en a faite M. de Villebois-Mareuil est toute d’actualité. La solution en est liée à des propositions financières que le défaut do place nous empêche d’exposer. Pour l’instant, c’est le principe, qui est en jeu. Les partisans du service actif réduit do trois ans à deux ans le veulent universel. Les partisans de l’armée de métier réduisent le service à un an pour tout lo monde, mais veulent en revanche des cadres solides composés de soldats de carrière, profession nels appointés, guerriers d’esprit, de corps et do nerfs. Qui l’emportera ? En attendant que les événements nous donnent une réponse, on no saurait trop partager l’opinion de M. do Villebois-Mareuil quand il écrit: « Sans être grand clerc, Kûiwatf M-A&RuifLAs posée au peuple, en dehors du bénéfice qui lui en revient, dans toutes les conséquences qui atteignent l’avenir de l’armée, ce peu ple confondrait les politiciens par sa ré ponse. S’il savait, à n’ep pas douter, qu’il s’agit do déchéance ou de vitalité pour cette armée qu’il aime, qu’il acclame, par qui maintenant, presque seule, lui remonte au cœur une apparition de son passé, seule fierté dont s’enorgueillisse son présent, il dirait qu'il se sent les épaules assez sçlides pour la porter encore un bout d’histoire. » DIDYME....