Extrait du journal
C’est, comme on le sait, vendredi qu’a lieu la Fête nationale. Rappelons, à ce propos, que la réjouissance du 14 Juillet, qui a pour but de commémorer la prise de la Bastille et non la prise de la Pastille, ainsi que l’indiquait une coquille de Joyeuse mémoire, existe déjà depuis dix-neuf ans. Elle a été votée en 1880 par la Chambre, sur la pro position de M. Benjamin Raspail,ensuite par le Sénat et promulguée le 6 juillet de la même année. Pendant les premiers temps, le 14 Juillet a été fêté avec un entrain, un éclat et un enthousiasme tout à fait exceptionnels. Mal heureusement, il devait en être de cette réjouissance comme de toutes les réjouis sances officielles. Son retour périodique et l’effet de l’accoutumance n’ont pas tardé à la banaliser en quelque sorte, à en faire un plaisir monotone, sans grand attrait et d’un programme, du reste, ineffablement Immuable. Ainsi, dans notre ville, qui est cependant profondément républicaine, le 14 Juillet est devenu presque une fête comme les autres, sauf peut-être que la soif est un peu plus ardente que d’habitude, étant donné surtout qu’on se trouve en pleine période des cha leurs. Nous n’en voulons pour preuve que les tables de cafés et de débits de boissons qui, ce tour-là, débordent non seulement sur les trottoirs mais encore sur la chaussée et sur les promenades publiques. On ne saurait dire vraiment que la langue pèle à une foule de citoyens, faulte d'humldltê Aucune occasion de se désaltérer ne leur est refusée, depuis la première heure du jour jusque bien après minuit. Après ça? il ne faut pas trouver mauvais qu’une fete publique soit un peu humectée et que quel ques-uns cherchent même au fond des verres un regain de belle humeur. Mais, comme l’attestent chaque fols les comptes-rendus des Journaux non sans quelque mélancolie, le 14 Juillet n’est plus ce qu’il était autrefois, il y a encore une dizaine d’années. Ce n’est pas qu’on néglige de temps en temps de le rajeunir ou de le raviver , surtout par l’initiative privée. Ainsi, une chose charmante qu’a fait naître le 14 Juillet, c’est ce qu’on appelle « les fêtes de quartiers». Il est, ce Jour-là, cer tains pointsde la ville qui sont décorés d’une façon fort pittoresque et où se déroulent des réjouissances de plein air d’une amusante turbulence, laquelle n’exclut pas générale ment une franche cordialité. On peut dire, au sutdIus* que tout le peuple marseillais...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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