Extrait du journal

On n’ignore pas que les cafés-concerts font aux théâtres une concurrence de plus en pins grande. Parmi les raisons invoquées pour expliquer cet état de choses, il en est une qui a. parait-il, son importance. Beaucoup de gens, en effet, sont attirés de préférence au café-concert, non précisément pour ce qu’on y chante ou ce qu’on y joue, mais parce qu'on y peut fumer librement, dans la salle même, sans être obligé de sortir. Ils estiment que rester au théâtre pendant plu sieurs heures, sans avoir la faculté « d'en griller une ». constitue une sorte de supplice. Aussi, depuis quelque temps, plusieurs théâtres ont-ils songé à installer des fumoirs. C’est ainsi qu’à Paris, le nouvel Opéra-Comique vient de convertir en fumoir une de ses principales salles de pas-perdus ; que le théâtre de la Renaissance, le théâtre Antoine, le théâtre de la Gaieté ont également demandé l’au torisation d'établir un fumoir. Ajoutons que la sécurité n’a nullement à en souffrir. En province, du reste, comme on peut le cons tater, un certain nombre de théâtres n’ont pas attendu aujourd'hui pour procurer cette commodité à leurs habitués. Qu’on le veuille ou non, le tabac a scs exigences et il faut désormais compter avec les fumeurs. Et vous verrez même que nous ne tarde rons pas à avoir partout non seulement des théâ tres où l’on fume, mais encore des théâtres où l’on boit et où l’on mange, possédant en d’autres termes un fumoir, une buvette et un restaurant tout à la fois. C’est le progrès. Si, par surcroît, les théâtres se décident à nous donner de bonnes pièces et de bons artistes, il y a lieu de croire que les recolles ne laisseront plus à désirer.Dans le cas contraire, nous nous demandons ce qu’il faudra faire pour attirer le public. Il n’y aura plus que le théâtre à l'œil. Et encore !... ARIEL....