Extrait du journal
Dans le courant de l’été dernier, de curieuses rumeurs circulaient à Paris. On soulignait l’opposition de points do vue qui aurait existé entre deux hautes personnalités militaires, sur les événe ments qui se préparaient Allemagne. Les uns disaient, d’une part, qu’un de nos plus jeunes généraux, qui passe pour le Drus ex machina du ministère do la guerre, fort do nombreux rapports confidentiels, multipliait les avertisse ments et prédisait que l’heure allait bientôt sonner où le parti militaire prendrait le pouvoir Munich, puis à Berlin, et s'insurgerait ouvertement contre le traité de Versailles, avec l’arrière-pensée, lorsque lu moment lui paraîtrait favorable, de prêcher une guerre de revanche. A quoi d'autres se hâtaient de répondre que le danger était beaucoup moins grave qu’on ne le présentait, et que les conditions d'une résistance armée, puis d’une offensive, telles quelles existaient actuellement, faisaient, des agitations allemandes, de simples velléités. Et ces optimistes citaient, h l’appui de leur opinion, le témoignage d’un maréchal illustre, dont l’état-major se répandait en propos apaisants. Entre ces docteurs Tant-Pis et ces médecins Tant-Mieux, la vérité semblait être dans une honnête moyenne. Sans doute, il fallait envisager le retour au pouvoir des éléments pangermanistes. De là à supposer qu’ils puissent, une fois réinstallés, prendre l’initiative d’une guerre de revanche, il y avait loin. L’événement vient de démontrer qu’une fois de plus l’opinion moyenne exprimait la plus forte part, de vérité. C’est déjà suffisant, pour prendre toutes précautions utiles. lia menace, cependant, n’autorise pas l’alarme. En tout cas, on peut avoir confiance que la sécurité de la France n'est, pas en cause. La plus grave conséquence des événe ments qui se déroulent à Munich et à Berlin, c’est que la fameuse Conférence des experts,.sur la compétence de laquelle la France et les Etats-Unis sont en train de discuter, se trouve reléguée au second plan de l’actualité. Il ne s’agit plus de savoir quand et comment l’Allemagne paiera. Les signataires du traité de Versailles, s’ils ne veulent fias que leurs signatures soient considérées comme milles et non avenues, vont, avoir à so concerter pour faire entendre efficace ment leur voix à Berlin. !)•- la Belgique, malgré les à-coups de ce jours derniers et son attitude à AixIh Chapelle, il n'y a pas à douter. I*a question de sécurité est aussi capitale pour elle que pour nous. Malgré son désir de pratiquer, entre la Franco et, l’Angleterre, une politique do bascule, qui sauvegarde la liberté de ses mouve ments, son intérêt lui commande de so ranger de notre côté, dans toutes les mesures qui seront prises. Il est vraisemblable, également, que l’Italie joindra sa voix à la nôtre pour faire entendre à Berlin les paroles (pii s'imposent. Le grand point d’interrogation est du côté de l’Angleterre, dont l’attitude expectante vsl dictée autant par scs vues bien connues sur la question de la Bhénanio, (pic par uho situation inté rieure qui rend son action internationale pariiculièruinent lourde et hésitante. Mais il y a des événements, ne l’oublions pas. qui dominent, les volontés collectives des nations comme les volontés des indi vidus. Si la situation devenait plus périlleuse, il est certain que l’Angleterre serait encore à nos côtés. En somme, la conclusion à tirer dos événements, c’est, que la solidarité des Alliés est demeurée l’unique moyen de tenir l’Allemagne en respect. C’est à rétablir cette solidarité, à lui donner une expression et des sanctions communes, que travaille la Conférence des ambassadeurs, en pleine harmonie avec les gouvernements. Il ne faut fias, d’ailleurs, se dissimuler que sa tâche sera lourde, puisqu'elle ne consistera en rien de moins qu’à trouver les moyens de faire sentir à l’Allemagne de 19Vit sa défaite de 1918. ^PIERRE ALBIN. Un Avion de Bombardement américain va entreprendre le Tour du Monde L'IHnéraIro choisi représente environ 80.000 kilomètres...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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