Extrait du journal

Le pèlerinage à la tombe du Soldat inconnu, sous VArc-de-Triemphe, est le rite essentiel de la Journée commémo rative de l’armistice. Se rappelle-t-on qu’il a fallu emporter de haute lutte, cependant, la réalisation de cette idée ? Quand je lançai dans la presse le vœu formé par le capitaine Bourgeon, quand, appuyé d’avis auto risés", ce vœu fut repris par M. André Faisant, on ne vit qu’objections soulevées contre ce projet. L’instinct populaire obligea à l’accepter. Alors, tout le monde voulut avoir sa part dans la conception de cet hommage symbolique aux vertus des obscurs combattants. Il y eut nombre de revendications de cette pieuse pensée. Les modalités ont pu différer. C’est au Panthéon qu'on avait d’abord songé. Mais cette pensée appartient bien au capitaine Bourgeon... qu'on négligea de convier à la première cérémonie. Il n’eut pas, d’ailleurs, d’amour-propre d’auteur. Ce qu’il avait voulu, c’était qu’on glorifiât, en un mort anonyme, le dévouement de la foule des héros ignorés. Je le revois encore, m’exposant avec émotion son dessein. Cette émotion, je la partageai bientôt. Il m’avait demandé do ne pas le nommer. J’avoue que j’oubliai cette réserve de sa part, tant l’idée m’avait paru belle. Depuis, tous les pays ayant pris part à la guerre ont rendu cet hommage à un soldat inconnu. L’histoire de la guerre de 1870-71 parait aujourd’hui si lointaine qu’on ne connaît plus guère, dans les jeunes générations, toutes ses phases. On ne la sait que d’une façon assez sommaire. Cette date du 11 novembre, dans nos annales, paraît ôtre une date heureuse. Le 11 novembre 1870, au milieu de tant d’événements cruels, sembla ramener quelque espoir. Ce jour-là, le gouverne ment de la Défense nationale, à Tours, envoyait, pour la première fois, une bonne nouvelle, celle de la victoire de Goulmiers. Ce n’était qu’un répit du sort contraire ; ce grand effort de l’armée do la Loire ne devait pas avoir les lende mains qu’on avait espérés. Les Allemands n’on avaient pas moins été battus, et croyant à une exploitation plus énergique de ce suceès, ils avaient dû concevoir de sérieuses inquiétudes. N’est-ce pas un hasard opportun que celui qui môle à l’anniversaire de 1918 celui d’une dos journées dont, au milieu d’une période douloureuse, on ait le droit do garder sa fierté ? PAUL’ OINISTY....