Extrait du journal
Marseille est, en d’autres * termes, dans une période d’etlacement dont nous n’avons pas à souligner les désastreuses conséquences. Chaque jour, en ellêt, c’est un pas de plus qu elle fait dans la voie du malaise et du dépérissement. Tous nos commer çants et tous nos industriels sont là, petits et grands, pour l’attester, pour en témoigner. Il est prouvé que notre premier port maritime, fermé de plus en plus aux grands courants commerciaux, péri clite avec une désolante rapidité ; que nos quais sont sans activité, ont perdu leur belle animation d’autrefois ; que le travail est complètement ralenti et que la sécurité et la confiance des a liai res ont subi, d’une manière générale, une atteinte extrêmement lâcheuse. Et c’est dans d’aussi pénibles cir constances que les travailleurs, qui sont pourtant les premiers intéressés à l’amélioration d’un tel état de cho ses , voudraient ne plus confier la* défense de la cause marseillaise qu’à des représentants sans nutorilé, sans influence, condamnés à une impuis sance absolue ! Mais il faudrait alors supposer qu’ils ont perdu tout senti ment de la réalité. Il est inutile de se le dissimuler. Le jour où Marseille n’aura plus au Par lement qu’une représentation comme celle dont elle est menacée sera un jourqu’il conviendra de marquer d’une pierre noire. Qu’on y réfléchisse un instant ! Déjà nous sommes, nu point de vue municipal, dans une situation lamentable. On sait les graves embar ras financiers contre lesquels se débat la ville; on sait que tout, va & la dérive, qu’une foule de quest ions (l'une impor tance capitale attendent vainement une solution et que c’est, en un mot, le gâchis le plus complet qui préside à notre administration communale. Eh bien ! veut-on maintenant com pléter ce désordre, aggraver cette désorganisation en envoyant à la Chambre des mandataires qui, à leur tour, au lieu d’essayer de nous tirer de toutes les difficultés dont nous sou lirons, n’auront rien de plus pressé que de pratiquer une politique d’agi tation et d’obstruction et qui, pourquoi le cacher, n’auront d’autre souci que celui de leur parti ? N’y n-t-il pas urgence, au contraire, à n’élire que des républicains capables et dévoués, des républicains résolus, dès leur arrivée au Palais-Bourbon, à se faire les interprètes de nos revendications et de nos besoins, à déployer hautement le drapeau de Marseille et à obtenir enfin pour une grande ville comme la nôtre, qui contribue pour une si large yart à la fortune de la F rance, toutes es légitimes améliorations qu’elle réclame depuis si longtemps? Il nous semble bien qu’il ne devrait f avoir qu’une voix là-dessus et que e patriotisme local devrait avoir raison de toutes les hésitations et de toutes les résistances. N’est-il pas naturel que nous ressentions une inquiétude commune en présence du péril couru par notre ville et que chacun fasse un suprême effort pour le conjurer? Peutil y avoir une autre règle de conduite à l’heure qu’il est? Nous voulons admettre que les can didats collectivistes et révolutionnaires soient élus. Leurs, partisans# comme d’habitude, illuminent, exultent, se répandent dans la rue pour manifester bruyamment leur allégresse, pour pousser des cris de triomphe et même, nu besoin, pour conspuer les vaincus de la journée. Mais après? C’est le lendemain qu’ils seront amenés à réfléchir, à se demander où peut les conduire une pareille victoire. Dans quelque temps, hélas ! ils seront bien obligés de reconnaître qu’ils ont accompli une très mauvaise besogne et qu’eu achevant de faire de Marseille une ville intraitable, incor rigible, définitivement acquise à toutes les exagérations, ils auront consommé son abaissement et méconnu, par surcroît, leurs propres intérêts. Nous ne pouvons nous défendre d’une profonde tristesse on songeant ail sort qui nous est réservé, si le corps électoral persiste malheureusement à s’abandonner, à ignorer son devoir. Mais nous voulons encore espérer que chacun reculera devant une désertion aussi criminelle; nous voulons espérer que notre population laborieuse,, frap pée des symptômes do plus en plus alarmants de faiblesse cl de décadence qui se manifestent dans notre ville, s’armera do courage et do résolution et aura à cœur de sauver l’existence et la fortune de Marseille. HORACE BERTIN....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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