Extrait du journal

mieux que ne l'eût fait aucune de ses filles d’honneur. Tout à coup,le bruit d’un cheval piaffant sur la route se fit entendre, et la reine dit : — Nous sommes arrivés t Le chemin faisait un coude ; derrière ce coude, un homme se tenait auprès d’un cheval tout harnaché, avec une longue épée, des pistolets et une dague. — Ah ! Madame, s’écria Beau Page, vous me sauvez ; merci de toute mon âme I — Comment va ta blessure ? — Elle est à peu près fermée. — Le mouvement du cheval pourrait la faire rouvrir; prends cet onguent, il com plétera la guérison. — Merci, Madame. Maintenant que voulezvous de moi ? — Le prince de Coudé t’attends... Ne le nie pas ; je sais deviner. Voici une lettre pour lui ; tu ne la remettras qu’à lui-même. Si l’on te poursuit, crève ton cheval ; tu trouveras de l’argent sous ta selle pour en acheter un autre; mais ne laisse tomber ton message entre las mains de personne. — Bien Madame. Je mourrai plutôt que de m’en dessaisir. — Tu remettras aussi au Prince cette lettre que Mlle de Umeuil m’a chargée de lui faire parvenir. La lumière de la lune arrivait en plein dans la figure de la reine. Galléhaut eut un moment d’éblouissement ; car celle qu’on appelait la Reine-Mère n’avait alors qu’une quarantaine d’années; et elle était toujours admirablement belle. . — Ah ! Madame, lui dit-il, je suis à vous corps et âme, prêt à mourir, prêt à vous défendre ; mais, si je mourais, je voudrais contempler une dernière fois votre visage. La reine sourit de l’hommage si spontané que sa beauté superbe avait arraché au jeune homme. Bile enleva une délicieuse...