Extrait du journal

geait à rentrer à Paris, malgré la promesse que lui avait faite Beau Page de repasser par Amboise avant de rejoindre le prince de Condé. Le soir, il s’asseyait tristement dans la salle commune, un peu inquiet du retard de son élève ; et il se sentait sans appétit, quand son élève parut soudain à la porte de l’auberge, couvert de sueur et de poussière, ayant crevé son premier cheval. Bernabé se précipita vers lui, l’accablant de questions. — Ah I maître, dit Galléhaut, donnezmoi d’abord à souper I Bientôt le maître et l’élève étaient instal lés devant une magnifique table, dans la chambre de Bernabé. Galléhaut avait jugé prudent de ne pas souper dans la salle commune. Lorsqu'il eut assouvi sa première rage d’appétit, le page de Coudé s’étendit sur sa chaise, posa ses deux mains sur la table, et. les bras tendus, le regard fixé sur la bonne figure de son maître, il dit : — Maintenant, interroge, je suis prêt à te répondre ? — Et qu’aurais-je à te dire ? Raconte-moi ton histoire depuis le jour où tu m’as lâche ment abandonné, livré à la solitude. — Solitude ! maître, le mot est inexact; car Je vous ai laissé en une excellente hostellerie, renommée dans toute la Touraine pour ses pâtés de caille, ses Jambonneaux et sa cave do Bourgogne. — Tu m’as abandonné, ingrat ! Et si tu n’étais revenu,J’allais passer de vie à trépas. — C’eût été grand dommage. — Je suis donc parti, mon cher maître, avec le train du prince de Condé. Je l’ai conduit à la cour et J’ai attendu. Comme le prince ne venait pas et qu’on l’accusait d’avoir pris le che min de l’école buissonnière, le duc de Guise m’en a rendu responsable. Il m’a fait pri sonnier et sans la reine Catherine. m’*ûi...