Extrait du journal
On devine qu'il s’agit de Paris et de la sécurité qu’on y trouve, môme dans les quai* :ers les plus populeux, entre minuit et cinq heures du matin. Il y a longtemps, j’en conviens, que ce sujet est à l’ordre du jour ; mais on avouera qu'il a conservé toute sa fraîcheur; messieurs les voleurs et messieurs les assassins, encouragés par madame la police, en entretiennent avec persé vérance la désagréable actualité. Tous les jours, la chronique des attentats nocturnes et môme diurnes s’enrichit de quelque nouveauté et la colonne des faits divers est envahie, accaparée par ce genre d’opérations hardies et violentes qu’on appelle les arrestations à main armée. On arrête les tramways aux portes de Paris et même en plein Paris, comme autrefois les diligences sur les grandes routes; on dévalise, on assomme un inoffensif promeneur, sur le coup de minuit, au beau milieu de la place de l’Opéra ; on vole des chevaux dans les écuries les mieux fermées ; on dévalise les dépôts de bicyclettes; dès le crépuscule, le bois de Boulogne devient le rendezvous des détrousseurs, même en plein jour; les promeneuses doivent fuir les allées trop solitaires. Ce ne sont point là des histoires de bonnes femmes, ni des contes en l’air, les arrestations, ces meurtres sont bien tout ce qu’il y a au monde de plus authentique. Les journaux qui les racontent prennent soigneusement leurs informations ; ils vous disent le nom de la victime, la rue dans laquelle on l’a attaquée, l’hôpital où on l’a transportée ; rien n’est plus facile que de vérifier leur récit. La vérité est que les journaux en disent moins encore qu'il y en a, par la bonne raison qu’ils ne savent pas tout et que l’adminis tration en cache autant qu’elle peut. Nous voilà revenus au bon temps des Mystères de Paris, aux tapis-francs de la Cité, à la délicieuse rue aux Fèves et aux galants héros d’Eugène Sue, le Maître d’école, la Chouette, le Squelette et le Chourineur. On se tient sur ses gardes, les hom mes prudents ne s’aventurent plus dans certains parages sans faire leur testament. Dans les familles on se sépare do bonne heure dans la crainte de s’en aller trop tard et le beau-père dit à son gendre: « Hâtez-vous de par tir ; si vous alliez manquer l’omni bus ! » L’omnibus rassure ou plutôt rassurait avant qu’on ne le prît d’as saut pour détrousser les pâles voya geurs. Les fiacres sont moins sûrs ; on arrête jusqu’aux cochers, quand ce ne sont pas les cochers qui arrêtent les voyageurs ou les égarent dans des lieux inconnus pour procurer aux malfaiteurs l’occasion de faire un bon coup. Les Parisiens se demandent, avec un étonnement bien naturel, com ment on peut être exposé à de pareils désagréments en l’an de grâce 1900, la dernière année du xix* siècle, dans...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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