Extrait du journal

pilleurs , croiseurs-torpilleurs, dont les murailles en fer sont très minces, matelots et officiers gèlent pendant la nuit et gril lent pendant le jour, même sous la zone tempérée. C’est pour obvier aux maladies que peu vent engendrer ces brusques variations de température, que M. l’amiral Krantz pro pose de faire entrer dans la composition réglementaire du sac du matelot, un tricot de laine dit jersey, destiné à remplacer, selon les circonstances, le classique tricot de coton, rayé blanc et bleu, qui donne au costume de nos mathurins un cachet très pittoresque, mais ne les préserve nulle ment du froid. L'idée est excellente et on ne peut qu’y applaudir; malheureusement le ministre, dans sa circulaire, semble vouloir compen ser cette bonne mesure par une mesure contraire, qui certainement serait accueillie avec défaveurdans tous nos ports militaires. Sous prétexte que l’adoption du jersey augmentera à la fois le volume et la valeur du sac du matelot, il propose de retrancher de celui-ci le paletot ou caban qui, depuis longtemps, constitue le meilleur et le seul vêtement d'hiver de nos marins. « Le prix du sac complet, lisons-nous dans la circulaire ministérielle, atteint actuelle ment le chiffre de 176 francs, chiffre déjà très élevé, presque excessif, qui charge d'un poids fort lourd le débit des marins. Il importe d’ailleurs de ne pas perdre de vue que le décret du 29 septembre 1886, ayant supprimé la dette flottante et porte aux débits définitifs les dettes des marins de l'inscription maritime au moment de leur congédiement, il est à craindre que la valeur du sac occasionne des pertes pour le budget de la marine. « Quant à l’encombrement, la nécessité a été maintes fois signalée de le diminuer; une circulaire du 27 janvier dernier a mê me prescrit des mesures en vue d'arriver à loger les sacs dans les casiers... * Dans ces conditions, l’adoption du jersey de laine me paraîtrait présenter des incon vénients, mais je me suis demandé si l’on ne pourrait pas les atténuer en cherchant à diminuer, non pas la quantité des effets de toile ou de coton, mais le nombre des vêtements de drap ou de laine, et notam ment le paletot (ancien caban). J’incline à penser que le jersey de laine, porté avec la chemise de molleton, constituerait un ha billement parfaitement chaud pendant la saison d hiver. > La première objection formulée par le ministre nous parait seule avoir une valeur reelie, car il est certain que, en ce qui con cerne les inscrits maritimes, beaucoup d’nommes quittent le service, surtout en temps de paix, sacs avoir pu se libérer du prix de leur sac, malgré la forte retenue qu’ils ont subie sur leurs salaires mensuels. 11 peut donc résulter de là une certaine perte pour l’Etat, quoique celui-ci ne re nonce point à sa dette et ne néglige aucune occasion de 2a réclamer à l’inscrit mariti me au cours de sa carrière. Mais c’est là une considération assez mesquine quand il s’agit du bien-être et de la santé de nos ma rins, et la perte que peut subir l’Etat de ce chef ne saurait compromettre sérieuse ment l’équilibre du budget. La question d'encombrement nous paraît assez incompréhensible en songeant que ja dis,à bord des anciens bâtiments de guerre à vapeur tout aussi encombrés, quoique d’une autre façon que les bâtiments moder nes, on arrivait aisément à loger les sacs de l'équipage, et cela avec des effectifs beau coup plus nombreux qu’aujourd hui. Quelle que soit la difficulté que l’on éprouve à lo ger ces sacs à bord, ce n’est pas une raison suffisante pour priver nos marins d’un vê...