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Le Petit Marseillais, 31 mai 1898

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Le Petit Marseillais
31 mai 1898


Extrait du journal

vent aller beaucoup dans le monde, car leurs invités étaient de marque, dans la tribune où l’on cria si bien: Bravo ! A mort ! Il faudra qu’un de ces matins le garde des sceaux fasse enlever le grand Christ douloureux qui, tout au fond de la salle, étend ses bras sur la tête des juges. C’est un décor religieux qui ne sied guère aux nouvelles Habi tudes du palais. Que viendrait faire dans l’enceinte où la foule insulte les condamnés, celui qui sur le Golgotha pardonnait à ses bourreaux 1 Mais si la croix doit rester fixée au mur des prétoires pour receveur les serments qu’exige la loi, il conviendra de rendre au cérémonial de la justice son austère solennité. Il ne faut plus qu’à l’avenir les assassins justement punis soient l’objet de manifestations cruelles. La loi n’a pas besoin d’auxi: liaires tapageurs. Les gens qui saluaient de leurs applaudissements la condamnation de Carrara et de sa femme auraient tort de croire qu’ils ont servi la cause de la justice. Je comprends qu’on crie bravo ! au toréador qui, au risque d’y laisser la vie, a, d’un coup de spada, terrassé le taureau ; mais je ne m’explique pas une ovation au jury qui vient de son verdict assommer un coupable, pas plus que le bruyant hommage aux magistrats qui ont simplement appli qué la loi. Jadis, les criminels qui se réfugiaient dans les églises étaient inviolables. Est-ce que, par hasard, contre les menaces de la foule, les palais de justice ne seraient plus un asile sûr ? Laissons les manifestations à la rue: il est des endroits où, même légitimes, elles deviennent une lâcheté. On a essayé autrefois de demander le huis-clos pour la guillotine ; si les scandales de la cour d’assises conti nuent, il faudra songer à réduire aussi la publicité de certains débats. Il ne doit pas être beaucoup plus pénible de que d’...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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Données de classification
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