Extrait du journal

IL y a un dieu pour les journalistes. L'été est leur morte-saison. Pas de théâtre, plus de Parlement, plus de dîners en ville; dès lors, plus de scandales, plus de potins, plus de ces nouvelles qui servent d'aliment aux conversations mondaines. Rien, absolument rien, à se mettre sous la dent. C'est déplorable. Ils en sont réduits à ce qu'ils appellent, dans leur argot, la « grande actualité », c'està-dire l'actualité trop prévue, celle que ramènent invariablement les diverses époques de l'année et qui, par cela même, est empreinte de banalité. Que raconter de neuf, je vous prie, sur la fenaison, la moisson, la vie aux champs ou à la mer, sur la chasse, la pêche, sur le départ et le retour des Parisiens ? Ils suent sang et eau pour suppléer aux événements qui se dérobent. S'ils osaient, ils les provoqueraient, ils commettraient le beau crime, d'où ils tireraient, ensuite, des kilomètres de copie « sensationnelle »....