Extrait du journal

DERNIÈREMENT, j'ai fait la connaissance d'un apôtre. Il m'est arrivé avec une lettre de recommandation d'Emile Faguet. « Écoutez M. Casimir de Danilowicz, m'écrivait notre cher Oncle. L'oeuvre qu'il a entreprise me passionne. Elle vous séduira de même. » J'ai écouté M. de Danilowicz. Et il m'a conquis. Les hommes épris d'une idée, ardents à la répandre, ont en eux une intrépidité, une flamme auxquelles on ne résiste guère. Leur force vainc les obstacles; leur prodigieux entêtement lasse le scepticisme, et l'indifférence. La foi sincère se communique. On résiste d'abord. OH accumule les objections. Et, finalement, on est vaincu. Ce fut taon cas. M. de Danilowicz, Polonais d'origine, naturalisé! Français, littérateur distingué, adore notre. pays. Depuis de nombreuses années, il le parcourt en tous sens; il en explore les provinces; il en recueille les vieilles traditions. Une visite au Muséon Arlaten, constitué par les soins de Mistral, lui suggéra le dessein qui est maintenant l'inquiétude et la passion de sa vie. La vue des bibelots exposés dans les vitrines — étoffes, habits, coiffures, meubles en. bois sculpté, objets familiers et domestiques, vestiges et reliques du passé — le charma. Il admira l'originalité, la beauté naïve, la délicatesse de ces objets que des artisans ignorés avaient créés de leur main et qui évoquaient, avec une grâce si colorée, la physionomie de l'ancienne France. — Pourquoi, se demanda-t-il, ces collections n'existent-elles que dans quelques villes? Pourquoi chaque département n'instituerait-il pas tel musée qui résumerait son histoire, refléterait ses usages...