Extrait du journal

— Il veut sauver Lucien ! il a quelque projet qu’il ne dit pas. Il réussira. > ^ M. de la Merlette murmura si bas qu’elle ne l’entendit point : t — Pauvre femme! ( Y — Ne sait-on pas de quoi 6n l’accuse ? demanda-t-elle encore. •; — On pai’le d’escroquerie, sans donner de détails. — Lucien, un escroc ! s’écria Juliette^ c’est encore plus ridicule que mons trueux : , — Voulez-vous, mon enfant, que jé vous raconte une histoire?- Je serai bref, car le souvenir en est pour moi cruel, et nous avons peu de temps à perdre. — Racontez, dit Juliette. ' . i — Un de mes amis dont je ne vous di-* rai que le nom de baptême, Jean, noble et riche, avait été appelé en Touraine pour une ouverture de chasse. Il y vit une jeune fille si belle, si modeste, si peu semblable à toutes celles qu’il avait ren contrées jusque-là, qu’il en devint éperdûmeiït amoureux, sans lui avoir jamais adressé la parole. Elle avait, disait-on un père ires dur qui la retenait prisonnière et la rendait malheureuse. L’imagination de Jean s’exalta. Il allait à l'église pour la voir pendant la messe, restait pendant des heures caché derrière un arbre, sur une promenade où parfois elle allait avec son père, et passait dèvant la maison vingt fois pour l’apercevoir une seule dans une pièce du rez-de-chaussée....