Extrait du journal

Cette fois, j'imagine que la gravité du conllit qui s'annonce obligera les Français à lever les yeux, à regarder au delà de leurs frontières et à s'apercevoir enfin qu'en dehors du cercle restreint de leur politique intérieure, il existe tout un monde, toute une vie, toute une humanité, tout un ensemble de besoins, d'intérêts et d'ambitions dont ils ne sont pas libres de régler les mouvcmcn'.s, mais dont les mouvements, par contre, doivent fatalement influencer et conditionner la vie même et le déve:oppcment de leur propre nation. Depuis vingt ou trente ans, nous nous sommes trop souvent comportés comme des myopes. Un peu de vanité, beaucoup d'ignorance ont fait de nous des illusionnistes. Nous nous sommes persuadés, figés que nous étions duns la contemplation du my'iie révolutionnaire, que la France était un champ d'expériences sociales et politiques dont les. résultats serviraient à l'éducation des autres peuples et vaudraient à notre pays la reconnaissance et l'admiration de l'humanité. Nous nous sommes complu dans ce rôle naïf et un peu prétentieux de professeurs de démocratie d'une démocratie beaucoup plus verbale, d'qi leurs, que réelle et positive. Nous avons donné des leçons de laïcisme et d'anticléricalisme, de socialisme et de syndicalisme nous nous sommes posés en champions du progrès, en apôtres de l'émancipation intégrale des esprits nous avons fait du libéralisme, de l'éga'itarisme, du pacifisme et de l'humanitarisme. Nous avons fini par nous exaspérer à ce jeu qui nous passionnait nous nous y sommes donnés entièrement, aveuglément il nous hypnotisait, et nous en venions, sous prétexte de servir d'exemp'e aux autres nations, à ne plus voir ces nations elles-mémes. ces nations que nous pensions entraîner notre suite mais dont l'activité, différente de la nôtre, s'employait pendant ce temps-là à d'autres besognes et se préparait à d'autres luttes....