Extrait du journal

LES ARMÉES Turque et Bulgare Peu de puissances européennes, grandes ou petites, ont fait plus d'efforts et consenti plus de sacrifices que la Bulgarie pour perfectionner leur armée. Cette petite principauté de quatre millions d'habitants a réussi à mettre sur pied neuf divisions complètes d'infanterie et une division de cavalerie indépendante. bi l'on met en regard de ces chiffres ceux que fournit un royaume de population à peu près équivalente et militarisé à la prussienne, la Saxe, la comparaison est tout à l'avantage du pays balkanique, qui dispose de trois divisions de plus. Ces chiffres ne surprendront pas si l'on considère que le budget de la guerre bulgare est supérieur au quart du budget total. L'empire turc au contraire est de tous les Etats européens celui qui fait appel à la plus petite partie de sa population pour recruter son armée. Il n'enrôle en principe que les sujets musulmans, se privant ainsi des ressources que peuvent fournir î.500.000 chrétiens et de nombreux israélites même chez les mahométans, beaucoup d'éléments échappent à la conscription. Ce sont d'abord toutes les tribus semiindépendantes des marches asiatiques de l'empire, qu'on n'a pu utiliser qu'en créant des forces plus ou moins irréguHères, en formant les régiments de cavalerie dits « hamidié », dont la valeur dans une guerre européenne, loin de leur pays d'origine, est hypothétique. De plus, les habitants de Constantinople et de ses faubourgs sont dispensés, en vertu de franchises anciennes, de tout service armé les exemptions légales sont nombreuses et augmentées encore de toutes celles qu'un régime d'arbitraire et de favoritisme a provoquées constamment jusqu'à la proclamation de la Constitution....