Au printemps 1789, la presse officielle de la monarchie française garde ses vieilles habitudes. Pourtant, au moins depuis l’été 1788, le royaume ne se ressemble plus. Les Français rédigent leurs cahiers de doléances, prennent pour la première fois librement la parole et, dans plusieurs provinces, entrent dans la révolte. Pourtant, dans les lignes de la « Gazette », comme on l’appelle, rien de tout cela : les numéros du début du mois de février, ne donnent aucune information sur ce bruissement général, ni sur les violents affrontements qui ont éclaté le 27 janvier à Rennes entre les nobles et les jeunes « patriotes » du tiers état.
Ce qui intéresse la Gazette, ce sont au contraire les nouvelles des Cours étrangères, qui occupent la Une du journal, mais aussi celles de la fine fleur des sociétés européennes. La vie des grands, leurs nominations, leurs mariages, carnets roses et avis de décès, résume la vie de la nation tout entière : ce sont eux qui font l’histoire, et non le peuple, semble dire le journal.