Si ses nombreuses réformes qui avaient détruit l’Ancien Régime et tous les privilèges afférents avaient suscitées beaucoup de résistances et d’hostilités, le monarque autocrate qui était appelé de son vivant comme étant le « sultan infidèle » devait son surnom à l’une de ses habitudes heurtant la sensibilité religieuse des musulmans. La Presse du 7 août en fait état, sans détour :
« Dans certaines sociétés, on prétend que Mahmoud a été empoisonné, et l’on va même jusqu’à assurer qu’après sa mort on a vu des symptômes qui ne laissaient aucun doute sur la présence du poison ; mais, au reste, tous ces bruits ne méritent aucune confiance, et l’on ne doit pas chercher d’autre cause homicide que l’usage immodéré qu’il faisait des boissons alcooliques, quand ses médecins, pour lui plaire, se ravalaient à remplir l’office de limonadiers dans le palais impérial. »
Mort à cause d’une consommation immodérée d’alcool et détesté à cause des vastes réformes qu’il a entreprises… Deux points communs de deux grands hommes ayant régné sur l’Empire ottoman et sur la Turquie républicaine. Mahmud II meurt en 1839 et Mustafa Kemal, son homologue républicain, en 1938.
Mais si aujourd’hui, en France, on connaît relativement bien la nature de la révolution kémaliste qui a accouché de la Turquie moderne, on en sait beaucoup moins sur ces réformes mahmoudiennes. En quoi consistaient-elles concrètement ? Finissons avec le bon résumé de La France du 1er septembre :
« On sait tout ce qu’a fait ce sultan pendant un règne de plus de trente années.
Indépendamment de la destruction des janissaires, il dissipa les Wehhabi, rétablit le pèlerinage de la Mecque, se réintégra dans l’exercice du Califat, reprit Widdin, reconquit la Servie, supprima l’hérédité des pachalicks, surveilla son ministère, dirigea, régla tout par lui-même, rétablit l’ordre dans toutes les parties de son vaste empire, abolit cette espèce de confiscation qui rendait réversible à la couronne une partie des biens des officiers de la sublime-Porte et autres employés du gouvernement, lorsqu’ils avaient été condamnés à mort, et, chose étrange en Turquie, permit de publier, sous les auspices du Grand Seigneur et par l’imprimerie impériale, un ouvrage sur l’anatomie et la médecine, avec une foule de figures qui représentent le corps humain. »