Le bombardement de Guernica : stupéfaction et horreur en France
En pleine guerre d'Espagne, des avions allemands et italiens bombardaient la ville de Guernica, occasionnant un véritable massacre et suscitant en France des réactions d'horreur.
Le lundi 26 avril 1937, en fin d'après-midi, 44 avions de la Légion Condor nazie et 13 avions de l'Aviation Légionnaire italienne fasciste, appuyant le coup d’État militaire contre la seconde République espagnole, lancent une attaque sur la petite ville basque de Guernica, près de la côte nord de l'Espagne.
Ils utilisent d'abord des mitrailleuses, puis des bombes explosives, et enfin des bombes incendiaires. C'est jour de marché dans la commune de 7 000 habitants : de nombreux paysans de la région se sont rendus sur place. Quand les avions se retirent, vers 20 heures, le bilan parmi la population civile est de plusieurs centaines de morts.
Ce sont par des mots de stupéfaction et d'horreur que la presse française rend compte du massacre. Ainsi L'Humanité écrit-elle :
« Des centaines de morts, un nombre incalculable de blessés, dont la plupart sont des femmes, des enfants et des vieillards, une petite ville paisible de 10.000 habitants, réduite en un monceau de ruines fumantes et jonchée de cadavres, tel est le bilan du bombardement aérien effectué hier à 5 heures de l'après-midi à Guernica, à une dizaine de kilomètres de Bilbao, par une escadrille d'avions allemands. »
Et dans le Paris-Soir du 29 avril, un envoyé spécial à Guernica raconte :
« J'ai vu bien des scènes d'épouvante en Espagne depuis six mois, mais je n'ai rien vu de plus terrible que la destruction de Guernica, l'ancienne capitale des Basques, anéantie par les avions de bombardement étrangers qui sont au service du général Franco. J'ai parcouru cette nuit la ville qui brûlait encore. Sous les ruines des maisons on avait déjà retrouvé de très nombreux cadavres. La plupart étaient méconnaissables. »
Cet événement, le plus symbolique de la guerre civile espagnole, contribua à la médiatisation internationale du conflit. Picasso, qui en tira un de ses plus célèbres tableaux, dira, en choisissant ce sujet, avoir voulu exprimer son « horreur de la caste militaire qui a fait sombrer l'Espagne dans un océan de douleur et de mort ».