Une rentrée des classes particulière en 1939
Carte scolaire nouvelle, personnel réduit, locaux réquisitionnés. Les conditions dans lesquelles doit se faire la rentrée des classes en octobre 1939 sont extraordinaires et posent d’insolubles problèmes aux autorités universitaires.
Le problème du calendrier
Le 9 septembre 1939, le gouvernement demande « en urgence » aux familles de prendre des mesures quant à la scolarisation de leurs enfants. Ces derniers doivent être éloignés des lieux les plus exposés aux combats et être inscrits sans délai dans l’école de leur lieu de résidence.
Le 26 septembre 1939, le ministre de l’Éducation Nationale fait connaître la décision de maintenir la rentrée scolaire au 2 octobre pour les écoles du 1er degré à l’exception de celles de la région parisienne.
Le 30 septembre 1939, le ministre de l’Éducation nationale, Yvon Delbos, visite plusieurs établissements de la région parisienne. Durant ces visites, il a insisté pour que les municipalités prennent des dispositions afin de faire partir les enfants vers la province.
Le 7 octobre 1939, le journal Paris Soir publie l’annonce d’un départ organisé de Paris pour les élèves pensionnaires de l’Institut Maintenon pour Dinard. Malgré les incertitudes, un calendrier est présenté pour la région parisienne, comportant l’ouverture des lycées entre le 9 et le 16 octobre tandis que les écoles primaires ouvriront leurs portes en décembre.
Des conditions matérielles difficiles et une gestion du personnel problématique
Le premier problème pour le ministre de l’éducation nationale est la difficulté à établir avec certitude la carte des écoles en fonction de leurs besoins spécifiques, ce qui se révèle être « un remaniement complet de la carte scolaire ». Le déplacement de population important causé par le début de la guerre a vidé certaines localités du nord-est d’une partie de leur population tandis que de nombreux villages du Limousin ou du Périgord, par exemple, se trouvent surpeuplés.
Dans plusieurs écoles, dans des locaux de fortune, des professeurs accueillent de nouveaux élèves qui, déracinés, doivent réapprendre à vivre dans une nouvelle région. Autre problème, trouver assez de personnel afin de remplacer les professeurs mobilisés.
Plusieurs pistes sont envisagées : faire appel aux professeurs retraités ainsi que « naturellement aux femmes » et réduire le nombre d’heures de cours. Le ministre de l’Éducation Nationale s’intéresse également à une « organisation d’enseignement par correspondance » et par radio.
Le 7 novembre 1939, Le Journal publie un reportage montrant les difficultés rencontrées par les écoles primaires de Paris. En raison du faible nombre de places dans les abris des écoles, il est nécessaire d’organiser un roulement afin de limiter le nombre d’élèves présents dans les écoles.
La mission républicaine de l’école
En cette période de guerre, les écoliers de 1939 se voient confier, malgré eux, une mission, celle de préparer la relève. Pour ce faire, il leur faut travailler avec ardeur car ils doivent comprendre que « le destin de la France se joue ». Le patriotisme doit ainsi être au cœur de l’enseignement de l’histoire.
Dans le discours tenu par le journaliste de Paris Soir, la culture qui se diffuse dans les écoles est menacée ainsi que la civilisation. Dans un discours, le ministre de l’Education Nationale appelle les « écoliers et écolières de France » à se mettre au travail. Il est attendu d’eux qu’ils servent et aident leurs mamans à supporter les tourments de la guerre.
Montrer les écoliers s'occupant de faire des colis pour les soldats permet d'appeler à la mobilisation de toute la société, comme lors du premier conflit mondial. Exemplaire dans son comportement, exemplaire dans son travail, le jeune écolier doit seconder ses parents et montrer qu'il se prépare à assumer son futur rôle.