Écho de presse

Entrée en guerre des États-Unis : "une profonde émotion"

le 29/05/2018 par Marina Bellot
le 05/04/2017 par Marina Bellot - modifié le 29/05/2018
Illustration : Paris, un marchand de drapeaux américains lors de l'entrée en guerre des Etats-Unis ; Agence Rol ; 1917 - Source Gallica BnF

La nouvelle de l'entrée en guerre des États-Unis en 1917 est accueillie avec soulagement et espoir dans le monde entier.

Le 2 avril 1917, le président américain Wilson demande l'entrée en guerre des États-Unis dans un discours historique. C'est un immense soulagement pour les pays engagés dans cette guerre contre l'Allemagne. La Croix rapporte :

"La nouvelle est accueillie en Amérique avec un grand enthousiasme et provoque une profonde émotion dans le monde entier."

Les drapeaux américains se mettent à flotter en Europe comme les étendards de la liberté.

Le Courrier de Saône et Loire raconte comment les Bruxellois, dont le pays est alors occupé, ont appris l’entrée en guerre américaine :

 Le dimanche de Pâque », au matin, quoique la presse teutonisée n’en soufflât mot, l’annonce de l’heureux événement figurait, écrite à la craie sur les murs, partout où il y avait de la place disponible. Au-dessous des inscriptions revenaient les mots : « Vive Wilson ! Vive l’Amérique ! » Les drapeaux américains avaient poussé comme des champignons : ils étaient accrochés aux branches des arbres et même à la façade de certains bâtiments inoccupés."

La nouvelle est solennellement annoncée aux troupes françaises. Le ministre de la Guerre Painlevé en fait la garantie de la victoire et rappelle les heures glorieuses de l'alliance franco-américaine lors de la Guerre d'Indépendance (voir le discours rapporté par Le Matin) :

"Vous voudrez bien, à cette occasion, leur montrer l'importance sans égale d'un événement qui fait sortir de la neutralité, pour la défense du droit et de la liberté, la démocratie la plus pacifique du monde leur rappeler ; qu'il y a plus d'un siècle les drapeaux français et américain ont déjà flotté côte à côte dans une lutte inspirée par le même idéal et où le sang versé a cimenté l'amitié de nos deux peuples leur faire comprendre enfin que l'aide morale apportée par les États-Unis se double d'une aide matérielle, dont le poids dans la balance sera décisif et nous rend plus sûrs que jamais de la complète victoire."

Comment expliquer la rupture de la politique isolationniste américaine ? En juin 1917, le directeur de la Maison de la presse américaine y répond dans son ouvrage How the War Came to America ("Comment la guerre s'est étendue à l'Amérique"). "Un livre sensationnel", écrit La Croix :

"M. Creel explique que, dès le mois de décembre dernier, le président considérait comme inévitable l'entrée en guerre des États-Unis. Chaque jour, alors, voyait se produire une nouvelle violation des droits américains. Chaque jour amenait les États-Unis plus près du conflit. Désirant faire une tentative suprême, le président adressa sa fameuse note aux belligérants, leur demandant de faire connaître leurs buts de guerre."

Un an après leur entrée en guerre, alors que le conflit se poursuit, les États-Unis sont partout célébrés comme les hérauts de la lutte contre l'impérialisme. La presse publie le télégramme plein d'emphase du président Poincaré à son homologue américain (ici dans Le Journal des Débats) :

"Un an s'est écoulé depuis que, sous votre haute et généreuse direction, les États-Unis d'Amérique ont pris, avec un splendide enthousiasme, la résolution de participer à la lutte grandiose que soutiennent les peuples libres contre les fureurs déchaînées de l'impérialisme.

Les valeureux soldats américains arrivent, sans relâche, sur le théâtre de la guerre et leur chef éminent a déjà revendiqué pour eux l'honneur de servir, eux aussi, sur les champs de bataille où se joue le sort du monde. Laissez-moi, Monsieur le Président, saisir l'occasion de cet émouvant anniversaire pour vous dire, une fois de plus, combien, en ces heures graves et solennelles, le cœur de la France se sent près du cœur de l'Amérique."

L’impact militaire se fera nettement sentir à partir de l’été 1918, où près d'un million de soldats sont sur le front.