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La bataille de Valmy en 1792

le par - modifié le 21/09/2023
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Le 20 septembre 1792, l’armée française commandée par C.-F. Dumouriez et F.-C. Kellermann remporte la bataille de Valmy. L’armée coalisée commandée par le duc de Brunswick qui menaçait Paris est stoppée par les canons, les cris et les chants des troupes patriotiques. Cette victoire est importante pour le gouvernement révolutionnaire puisqu’elle permet à la Convention nationale qui vient de mettre un terme à la monarchie en France, de célébrer la première victoire de la 1ère République. 

Une victoire inespérée

Le 20 avril 1792, l’Assemblée nationale déclare la guerre à l’Autriche. Le 28, l’armée du Nord pénètre dans les Pays-Bas autrichiens. C’est une catastrophe. Les armées françaises y subissent plusieurs défaites et les frontières de la France sont menacées par les ennemis de la Révolution et par une armée importante commandée par le duc de Brunswick. Ce dernier est décidé à prendre Paris et à libérer Louis XVI dans son manifeste « Déclaration Que S.A.S. le Duc régnant de Brunswick-Lunebourg, commandant les Armées combinées de LL. MM. l'Empreur et le Roi de Prusse, adresse aux Habitans de la France».

Le 19 août, cette puissante armée pénètre sur le territoire et multiplie les succès. Le 2 septembre, la ville de Verdun capitule. Paris est menacée.Dumouriez est devenu l’un des principaux cadres de l’armée. Suite aux offensives inefficaces menées en Belgique, il finit par se replier vers Verdun et l’Argonne. Il demande à Kellermann, sans l’accord du ministère de la Guerre, de le rejoindre avec son armée depuis Metz. Après diverses manœuvres, les deux armées se font face : les troupes françaises rassemblent 57 000 hommes et celles des prussiens 20 000. 

 

 

 

 

Plan de la bataille de Valmy, par M. Legrand,1802 - source : Gallica-BnF

Charles Guillaume Ferdinand, duc de Brunswick (1735-1806)

Général et prince prussien, né le 9 octobre 1735 à Wolfenbüttel, il s’illustre pendant la guerre de Sept Ans. En 1792, il commande l’invasion de la France. Suite à la bataille de Valmy, il quitte la France. En 1793, il libère Mayence de la présence française. Relevé de son commandement après la bataille de Geisberg. Il meurt à Ottensen en 1806.

Le Nez cassé, estampe, 1792 - source : Gallica-BnF

Des chants patriotiques qui sauvent la Révolution

Le 20 septembre 1792, les troupes de Kellermann positionnées sur une colline près de Valmy sont pendant 8 heures sous le feu des canons prussiens, puis subissent une offensive. Ils ne cèdent pas. L’artillerie française est particulièrement efficace, mais le professionnalisme des soldats prussiens affole l’armée française constituée de nombreux volontaires inexpérimentés. Certains sont même tentés par la fuite mais se ressaisissent et partent au combat en entonnant des chants révolutionnaires. Le revirement est total et l’armée prussienne recule. 300 français et 184 prussiens sont tués.

Etonnée par la résistance des Français, l’armée de Brunswick préfère attendre avant de se lancer dans une attaque massive. Dans la nuit du 20 au 21, les troupes françaises laissent délibérément la colline aux Prussiens. Pendant plusieurs jours, les deux armées campent sur leurs positions. Des négociations ont lieu. Le 30 septembre, Brunswick ordonne le repli et quitte le territoire français.

Les généraux français ont informé le Ministre de la Guerre de la situation de leurs troupes pendant la bataille. Le 21 septembre, Kellermann détaille, dans une lettre publiée dans la Gazette nationale de France, le déroulement des opérations militaires et son issue victorieuse pour la France.

Curiosité de l’histoire, le 21 septembre, la nouvelle assemblée constituante, la Convention abolit la royauté et le 22 septembre l’instauration de la 1ère République est proclamée.La presse des XVIIIe et XIXe siècles va célébrer cet évènement national. Cette bataille a sauvé la Révolution. La Gazette nationale de France du 24 septembre 1792 publie la lettre du ministre de la guerre, lue le 22 à l’Assemblée. A leur tour, les caricaturistes tournent en ridicule Brunswick, l'Autriche et la Prusse.

 

Déroute Des prussiens ... Londres, 1792 - source : Gallica-BnF
La Correction généreuse, Paris, 1792 - source : Gallica-BnF

Dumouriez et Kellermann deviennent les héros de la Nation. Le 28 juillet 1804, le Journal des débats et des décrets rapporte : « Kellermann, à la fameuse journée de Valmi, en Champagne, qui avec vingt-quatre mille hommes, força le roi de Prusse avec quatre-vingt mille, à une retraite précipitée ».

En mai 1808, le Journal de l’Empire informe ses lecteurs que « Les journaux de Francfort annoncent que M. le maréchal Kellermann a reçu le titre de duc de Valmy. Valmy est un village de la Champagne où il a forcé en 1792 l’armée prussienne à la retraite ».

François-Christophe Kellermann (1735 - 1820)

Ce maréchal de France est né le 28 mai 1735 à Strasbourg. En 1752, il est cadet dans le régiment Lowendal. Il participe à la guerre de Sept Ans. Colonel en 1784, il est nommé général de brigade en 1788. Pendant la Révolution, il reçoit le commandement de l’Alsace. Général de division en 1792, il remporte la bataille de Valmy. Il commande ensuite l’armée d’Italie et des Alpes et réprime en août 1793 la révolte de Lyon. Suspecté sous la Terreur, il est emprisonné puis réintégré dans ses fonctions. Maréchal le 30 floréal de l’an XII, il est nommé en juin 1808, duc de Valmy. Il vote la déchéance de Napoléon et devient pair de France en 1814. Il meurt à Paris, le 13 septembre 1820

François-Christophe Kellermann, par John Quartley, 1792 - source - Gallica-BnF

Bibliographie

 

Jean-Paul Bertaud, Atlas de la Révolution française, t. 3, L’Armée et la Guerre, Paris, éditions de l’EHESS, 1989.


Jean-Paul Bertaud, Les Soldats-citoyens et la Révolution française, Paris, Robert Laffont, 1979.


Thierry Gloris, Emiliano Zarcone, Dimitri Fogolin, Champs d’honneur. Valmy, septembre 1792, Editions Delcourt, 2016 (B.D).


Jean-Clément MARTIN, Nouvelle histoire de la Révolution française, Paris, Perrin, 2012.