André Billy, chroniqueur en verve
Écrivain et critique littéraire prolixe, André Billy fut pendant quarante ans un chroniqueur souvent ironique et volontiers provocateur de l'actualité française.
Né en 1882 dans un milieu bourgeois, André Billy fait ses études secondaires à Amiens, au collège de la Providence, puis chez les jésuites de Saint-Dizier. Il commence à écrire en 1907 et ne cessera jamais : il consacrera sa vie entière aux lettres.
Il se fait notamment connaître pour sa description des milieux ecclésiastiques (Bénoni, L'Approbaniste, Introïbo, Le Narthex).
Écrivain reconnu, il devient rapidement critique littéraire, notamment pour L'Œuvre, de 1917 à 1939. Il collabore ensuite au Figaro à partir de 1939 – collaboration d'une remarquable longévité puisqu'elle durera jusqu’à sa mort, plus de trente ans plus tard.
Sa verve, sa plume acérée et ses prises de position souvent provocatrices en font rapidement un commentateur apprécié de l’actualité française. Paris-Soir en dresse ce sympathique portrait :
« Du haut de sa grande taille, à travers ses lunettes rondes cerclées d'écaille, ce gaillard aux larges épaules; aux yeux bleus, au teint coloré de Normand, voit avec philosophie le spectacle de la vie, qui lui inspire chaque jour une pensée juste, une idée généreuse, des mots d'esprit. »
En 1921 par exemple, au moment du lancement de la carte d’identité, il relève dans Le Petit Journal les incohérences et bizarreries de ce qui est alors présenté comme une innovation majeure :
« Forcer les femmes à produire leur acte de naissance, alors que les hommes sont exempts de cette obligation, ce n'est pas seulement pécher contre la galanterie la plus élémentaire, c'est élever l'inélégance à la hauteur d'un système. »
Grand défenseur de la langue française, il prend la plume en 1943, toujours dans Le Figaro, pour rendre compte de l'inexorable crise du français, qui plonge selon lui professeurs et académiciens dans le désarroi.
« L'orthographe, la grammaire et la ponctuation sont, dans les classes où jadis la moindre faute marquait son auteur d'infamie, l'objet d'offenses répétées, innombrables, contre lesquelles les professeurs se sentent impuissants et ne protestent plus que pour le principe, avec la conviction de défendre une cause perdue. »
Pendant la guerre, André Billy refuse toute collaboration avec l’occupant nazi et entreprend une série de biographies : Vie de Balzac, Vie de Diderot et Vie de Sainte-Beuve.
Il est élu à l’Académie Goncourt en 1943, mais son élection n'est validée qu'en 1944 car plusieurs académiciens, dont Sacha Guitry, refusent de l’entériner. Et pour cause : Billy a éreinté plusieurs écrivains dans ses écrits, dénonçant leur entente avec l’ennemi. Il est finalement admis à l’Académie Goncourt le 23 décembre 1944.
Il ne cessera de publier des romans tout au long de sa vie – plus d'une trentaine au total, jusqu'à sa mort en 1971.