Archives de presse
1871, la Commune
Une collection de journaux réimprimés en intégralité pour revivre la Commune à travers la presse de l'époque : caricatures, textes engagés, témoignages.
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Le 23 mai 1871, le palais des Tuileries, siège du pouvoir de Napoléon III, est détruit lors d'un incendie allumé par des communards. La presse « versaillaise » commente l'événement avec horreur.
Trois jours : c'est le temps qu'a duré l'incendie du palais des Tuileries. Du 23 au 26 mai 1871, alors que la Semaine sanglante met fin à la Commune, trois hommes mettent le feu à la demeure historique des monarques français à Paris – laquelle fut aussi le siège du pouvoir de Napoléon III, l'empereur honni.
Les communards Jules-Henri-Marius Bergeret, Victor Bénot et Étienne Boudin utilisent des chariots de poudre, de l'essence et du goudron liquide pour allumer l'incendie. Le château, construit en 1567, part en fumée avec les 80 000 livres de sa bibliothèque et la majeure partie de son mobilier.
Dans les jours qui suivent, la presse antirévolutionnaire – ou « versaillaise » – va faire part de son horreur face à un geste jugé sacrilège. Dès le 25 mai, le quotidien conservateur Le Gaulois écrit :
« La journée du 24 mai. L'histoire l'appellera : la journée des incendiaires !
Cernés […], les étrangers et les bandits qui avaient terrorisé Paris ont voulu se venger. Ils ont mis le feu aux Tuileries [...]. Le feu a été mis par les dignes adeptes, français et étrangers, de l'Internationale [...].
Au milieu de ce feu, de ce désordre, notre brave, notre digne, notre admirable armée, marche résolument à la voix de ses chefs. »
Tandis que Le Petit Marseillais raconte :
« Dans un accès de rage, les insurgés ont mis le feu au Louvre et aux Tuileries. Le laconisme du télégraphe nous empêche d apprécier toute l’étendue de cet acte de vandalisme, que ne justifient pas même les nécessités de la défense et qui ne saurait retarder d’une heure ni modifier en rien le dénouement de la lutte.
N'ayant pas le courage d’exécuter leurs criminelles menaces, les derniers partisans de la Commune, avant de tenter une fuite désespérée, ont allumé l'incendie derrière eux : ils n’ont pas osé s'ensevelir sous les ruines de Paris, mais ils n'ont pas reculé devant un acte de sauvagerie que n'eussent jamais entrepris les Prussiens, même dans les circonstances les plus désespérées. »
Le journal ajoute :
« L'incendie de Paris sera la condamnation éternelle de la Commune et du parti qui, sans l'avoir soutenue de fait, l'a approuvée par ses discours. »
Archives de presse
1871, la Commune
Une collection de journaux réimprimés en intégralité pour revivre la Commune à travers la presse de l'époque : caricatures, textes engagés, témoignages.
Devant l'Assemblée réunie à Versailles, Adolphe Thiers, à la tête de l'écrasement de la Commune, ne cache pas son écœurement. Le Gaulois livre un compte-rendu de la séance du 24 mai :
« M. THIERS. – Je suis prêt à donner à l'Assemblée toutes les explications qu'elle pourra désirer, je la prie de croire que n'ai pas besoin d'y être provoqué pour les lui donner. Je me suis rendu ce matin à Paris et je suis trop troublé, car je suis inconsolable moi-même.
L'émotion coupe la voix de l'orateur.
– Ce que je dois vous dire avant tout, c'est que le drapeau tricolore flotte sur la plus grande partie de Paris. La destruction, odieuse, abominable, sans exemple dans l'histoire, à laquelle je viens d'assister, est l'œuvre des scélérats qui ont prétendu un instant dominer la France [...]. Ils ont livré aux flammes le Ministère des finances, les Tuileries [Mouvement d'horreur], le palais d'Orsay, la Cour des comptes, le Conseil d’État. »
Le 27 mai, il ne reste plus des Tuileries que des pans de murs noircis.
Pour la presse opposée à la Commune, l'incendie va très vite devenir un symbole de « l'abomination » des insurgés et de l'inanité de leur projet politique. Ainsi Le Siècle, qui écrit le 27 mai :
« Les incendies qui dévorent les plus beaux quartiers de Paris ne sont point des incendies de hasard comme la guerre en allume trop souvent dans ses désordres ; les flammes dont les ravages nous sont attestés, à la distance lointaine où nous sommes, par les nuages de fumée qui flottent immobiles au-dessus de la grande ville, sont allumées systématiquement par les bandits de la Commune [...].
Voilà les hommes qui parlaient de justice, de progrès, de rénovation sociale, de République. La justice, le progrès, la société et la République les maudissent, en attendant que la loi châtie cet attentat qui soulèvera d'horreur le monde entier et qui sera la douleur suprême et aussi le déshonneur notre histoire.
Si ce sont là les actes du socialisme, que le socialisme reste enseveli sous les décombres des Tuileries ! »
Le Petit Journal n'évoque plus quant à lui les communards que comme « les incendiaires », titre de l'édito du 28 mai :
« Jusqu'à l'heure suprême où ils se sont montrés dans leur hideuse nudité, jusqu'à ce moment horrible où leurs instincts de bêtes fauves ont fait explosion tout à coup, dépassant de mille coudées tout ce que l'histoire a jamais enregistré d'abominations et d'ignominies ; quelques esprits dévoyés pouvaient avoir encore la faiblesse de s'intéresser au sort de ces êtres indignes du nom d'hommes qui, deux mois durant, ont souillé Paris de leurs saturnales [...].
L'incendie arboré sur tous nos Monuments ; le génie monstrueux de la destruction léguant aux survivants, en guise de vengeance, les ruines entassées par les morts ; tout ce que la bête féroce a de plus révoltant dans sa rage imbécile, recèle de fiel dans ses flancs, de bave et de venin sur la bouche et au cœur ; un amoncellement de toutes les turpitudes, de toutes les haines, de tous les désespoirs ; tel devait être le testament politique de ces fous furieux dont l'un avait écrit en un jour de rage impuissante :
– Notre règne ou la fin du monde ! »
La Feuille de Provins, quant à elle, dresse la liste des bâtiments incendiés ou détruits :
« Les Tuileries, absolument consumées hors les gros murs.
Le Louvre, sauvé, moins la bibliothèque.
Le Palais de justice, une ruine.
Le Palais Royal, toute la partie qu’habitait le prince Napoléon, anéantie ; maisons environnantes préservées, Théâtre-Français intact.
Le Châtelet brûle encore.
Les Arts-et-Métiers, consumés.
Le Grenier d’Abondance, n’est qu’un énorme débris fumant.
L'Hôtel-de-ville, avec ses archives, sa bibliothèque, l’histoire de Paris, en un mot, un anéantissement.
L'église Saint-Eustache, un commencement d incendie produit par une bombe à pétrole. On pu l’éteindre. Le clocheton seul effondré sous les obus.
La Légion-d'Honneur, en cendres.
Le Conseil d’État, la Cour des Comptes, en cendres.
Le Ministère des finances, brûlé en partie.
Le Théâtre de la Porte-Saint-Martin, brûlé.
L’Odéon, brûlé. »
Une restauration du bâtiment fut un temps envisagée. Mais en 1882, la Chambre des députés résolut d'en détruire les vestiges.
Il n'en reste plus rien aujourd'hui.