L’anarchisme est le célèbre courant d’idées – et d’actions – né au XIXe siècle dont le caractère principal est la volonté de reconstruction de la société autour des concepts d’autonomie inaliénable et de liberté absolue de l’homme. Prenant sa source dans les idées de la Révolution française, l’anarchisme « individualiste » de Stirner et Proudhon cède peu à peu la place, à la fin du XIXe et à la suite de l’expérience de la Commune, à une forme d’anarchisme d’inspiration socialiste dont les plus célèbres représentants sont Élisée Reclus, Bakounine ou Kropotkine.
Classé à l’extrême gauche du spectre politique, l’anarchisme se fait entendre dans l’espace médiatique au cours des années 1880 et 90 à coups de manifestations, de braquages musclés ou d’attentats, autant d’occasions de mettre en œuvre le célèbre adage de la « propagande par le fait ». Devenu, selon les termes en vigueur, un « danger public », les militants anarchistes écopent alors de nombreuses sanctions, interdictions et peines de prison ou de bagne. La mythologie libertaire est née.
Nous revenons ici sur la fascination durable exercée sur l’opinion par le « spectre anarchiste » et sa violence fantasmée dans la presse, qu’elle soit amie ou, le plus souvent, farouche adversaire des idées que le mouvement véhicule.