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Lorsque Georges Brassens écrivait au Libertaire

le par - modifié le 03/12/2021
le par - modifié le 03/12/2021

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il n’est encore qu’un jeune poète amateur, Georges Brassens publie anonymement dans le journal anarchiste Le Libertaire. On y trouve les mêmes thèmes qu’il abordera des années plus tard dans ses chansons, devenues célèbres.

Bien avant que les trompettes de la renommée ne le fassent entrer au Panthéon de la chanson française, Georges Brassens a occupé plusieurs postes dans la rédaction du Libertaire.

Monté à Paris en 1940 pour s’éloigner de la plage de Sète où sa mauvaise réputation lui collait à la peau, il s’installe dans le 14e arrondissement qui deviendra son quartier pendant des décennies. Début 1943, l’Allemagne impose le Service du travail obligatoire (STO) au régime de Vichy ; des centaines de milliers d’hommes français sont obligés d’aller travailler dans les usines du Reich. Pour le jeune Brassens, en captivité à Basdorf où se trouve une usine BMW, le séjour sera de courte durée.

Profitant d’une permission pour une maladie supposée, il rentre à Paris et se réfugie chez Jeanne et son mari Marcel Planche, dit l’Auvergnat, qui deviendront chacun des personnages récurrents de ses chansons. Il finira par rester dans ce modeste nid, dépourvu d’électricité et d’eau courante.

Avec la libération de Paris et la fin de la guerre, Brassens peut sortir de sa turne. Les idées antiautoritaires, antimilitaristes et anticléricales qu’il hérite de son père favorisent sa liaison amicale avec un groupe d’artistes militants anarchistes. Le XVe arrondissement parisien, à deux pas du domicile de Brassens, constitue alors le point de ralliement du mouvement anarchiste français. Ces nouvelles connaissances le poussent à lire des théoriciens du mouvement libertaire et à s’investir dans l’organe de presse de la Fédération anarchiste, à laquelle il adhère en mai 1946. Au Libertaire, qui tire à cette époque environ 100 000 exemplaires hebdomadaires, Brassens sera à la fois correcteur et secrétaire de rédaction bénévole. Il y prendra également la plume, publiant de multiples articles entre septembre 1946 et juin 1947.

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Le pacifiste

La discrétion qu’imposait une telle implication dans la mouvance anarchiste au lendemain de la Seconde Guerre mondiale forçait les collaborateurs du journal à publier sous couverture d’anonymat. C’est ainsi que Brassens n’a jamais utilisé son propre nom pour parapher ses écrits. Les travaux qu’ont effectués les historiens au Centre international de recherche sur l’Anarchisme et dans les archives du journal, qui existe encore aujourd’hui sous le nom du Monde libertaire, permettent néanmoins de lui attribuer la parenté d’une petite trentaine d’articles publiés avec un large éventail de pseudonymes (Géo Cédille, Georges Charles, Charles Brenss, Charles Malpayé…).

Bien que plus direct et combatif dans sa prose qu’il ne le sera dans ses vers, il aborde déjà les thèmes qui seront les siens, avec la même verve moqueuse.

« La musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas. »

Témoin des ravages de la guerre, enrôlé au STO après avoir voulu refaire sa carte d’identité puis déserteur ayant dû se cacher de la Gestapo, le jeune Brassens ne porte pas en haute estime les forces armées. Pacifiste et antimilitariste, il s’attaque avec dérision tant aux militaires qu’aux idées même de nations et de frontières.

Dès l’enfance, regrette-t-il, les éducateurs de l’école transmettent à leurs élèves un « nationalisme imbécile » et la vénération d’un drapeau qui n’est « jamais en fin de compte qu’un vulgaire morceau de chiffon coloré accroché à un bout de bâton en bois ».

« Inculquer aux jeunes potaches une passion immodérée pour le sol sur lequel ils ont vu la lumière et un mépris non moins intempérant pour tout ce qui respire au-delà des frontières, telle est la règle tyrannique qui, depuis les temps les plus reculés, régit fâcheusement l’engeance des pédagogues. »

Ces « imbéciles heureux qui sont nés quelque part », comme il le chantera plus tard, sortent ainsi des bancs de l’école de la République emplis d’idées qui les préparent à grossir les rangs des engagés volontaires et des militaires de carrière. Les jeunes bacheliers se retrouvent contaminés par le « virus mobifique (sic) du patriotisme », bien plus dangereux que la syphilis qui est, elle, « parfaitement guérissable » si soignée à temps. Le danger n’est pas à prendre à la légère, explique Brassens : en cas d’une contamination au troisième degré, « le mal est incurable, l’on en meurt ou l’on en reste idiot ».

Ainsi, lorsque sortent de l’école ces jeunes nouveaux patriotes, ils sont prêts à défendre, vaille que vaille, le lopin de terre qui constitue leur chez-soi. Comme « Les Deux oncles » de sa chanson, qui finissent morts, chacun de leur côté de la ligne de démarcation, dans l’indifférence générale, les contaminés du virus nationaliste sont prêts à entraîner dans leur élan militariste leurs compatriotes. C’est ainsi que lorsque Brassens apprend qu’un Général de l’armée américaine envisage de construire une ville nouvelle pour étudier l’effet qu’aurait une bombe atomique sur elle, il s’empresse de lui faire une autre proposition dans les colonnes de son journal :

« Veuillez […] prendre bonne note de cette audacieuse suggestion, faites-la admettre à votre gouvernement et lancez au Vieux Continent un appel conçu à peu près dans ces termes :

‘On demande une ville volontaire pour servir de cobaye à la technique américaine.’

Vous verrez affluer les candidatures.

Il y a encore tellement de héros ici-bas. Tellement d’êtres humains disposés à se sacrifier pour le bien de l’humanité.

 À mourir pour que le monde vive. »

Bien qu’il enrobe ses textes d’ironie légère, le journaliste ne se prive pas d’attaquer frontalement les militaires qui ont fait « profession de tuer leurs semblables ». Ceux-ci, qui sont « à couteaux tirés avec l’intelligence la plus élémentaire », se posent en « bouée du capitalisme », idiots utiles des puissances financières qui provoquent des massacres pour pérenniser leurs intérêts. Et les honnêtes gens, élevés depuis l’enfance dans le culte de la nation, « se prendront pour des héros, […] et pleureront lorsqu’une brute galonnée leur décernera l’ordre des assassins ».

L'anarchiste

Une seule solution, la révolution ? C’est en tout cas ce qu’il laisse entendre dans son article intitulé « Qu’attend la masse pour se soulever ? ». À le lire, renverser le pouvoir en place ne serait qu’une question de volonté. Si le peuple s’organisait pour défiler dans la rue et contester le pouvoir des « politiciens pourris », rien ne pourrait arrêter cet élan libérateur.

Il nuancera toutefois cet optimisme dès l’article dans la colonne adjacente. Une insurrection populaire, explique-t-il, ne manquerait pas de se heurter à une farouche résistance et les révolutés seraient aussi tôt « impitoyablement balayés par les mitrailleuses, leurs propres mitrailleuses, celles qu’ils auront fabriquées ». L’attrait de Brassens pour la lutte insurrectionnelle continuera d’ailleurs à s’estomper avec l’âge. Prêt à applaudir toutes les révoltes dans sa jeunesse, il finira par mettre en doute le bien-fondé d’un engagement total et immuable pour une cause.

« Mourons pour des idées, d’accord, mais de mort lente. »

Fidèle à la ligne éditoriale de l’hebdomadaire pour lequel il écrit, une part importante des articles de Brassens s’attaque à l’autorité et aux personnes qui en sont dépositaires. Ainsi la figure du représentant de la loi, qui apparaît régulièrement dans ses chansons pour être tournée au ridicule, revient de manière répétitive dans ses billets.

C’est d’ailleurs avec une virulence particulière qu’il s’adresse aux forces de l’ordre, lesquels n’ont pas à leur « disposition un intellect perfectionné ». Car dans la bibliothèque du 14e arrondissement, où il a passé des journées entières dès son arrivée à la capitale, il a découvert la littérature anarchiste. Les livres de Bakounine, Kropotkine ou de Proudhon l’ont aidé de théoriser l’antiautoritarisme qu’il professe d’instinct depuis l’adolescence. La lecture de ces auteurs du XIXe a incité Brassens à s’attaquer frontalement à ceux qu’il estime être les bras armés des gouvernements qu’il juge liberticides.

C’est ainsi qu’il feint d’être surpris lorsqu’une manifestation à Rome est réprimée par la force. C’est un « miracle », écrit-il, « les policiers tirent en l’air mais les balles fauchent le peuple ».

« Les balles policières qui s’étaient allées fourvoyer au-delà des nuages réalisèrent le tour de force peu commun de revenir sur cette terre et de trouver quelques manifestants qui s’écroulèrent raides morts. »

Après des échanges de coups de feu, les échauffourées entre les protestataires réunis devant la présidence du Conseil italien et les carabinieri arrivent à leur terme. « Bientôt les valets du capitalisme se rendaient maîtres des révoltés, bientôt la bagarre prenait fin », mais pas avant que le sang ait coulé des deux côtés.

Mais s’il regrette amèrement le sort des manifestants, il se montre nettement moins sensible à celui des forces de l’ordre. C’est ainsi que dans un article intitulé « La mort s’en va-t-en guerre contre les gendarmes », il propose un compte-rendu des derniers faits-divers ayant coûté la vie à des policiers. Accident de cyclisme dans lequel un gendarme a servi de « matelas improvisé » pour freiner une chute, explosion inattendue d’un détonateur trouvé dans les poubelles, balle perdue d’un policier qui fauche l’un de ses collègues… Le jeune Brassens se réjouit avec sadisme du sort malheureux des agents.

« Dame la Mort s’est proposé un but. Faire rentrer dans le néant – d’où ils n’eussent pas dû sortir – tous les gendarmes de la terre.

Noble but, sublime idéal.

La mort va sur la bonne voie ; nous la louons et l’approuvons et si, pour le moment, il nous est impossible de lui prêter notre concours, nous sommes néanmoins tous de cœur avec elle et applaudissons vivement à chacune de ses victoires. »

On comprend que l’anonymat ait été de mise pour un article qui peut être lu comme un appel au meurtre. Le texte est violent, mais l’humanisme que Brassens cultivera plus tard lui interdit déjà de se féliciter sans remords de la mort d’un homme. Comme le narrateur bravache de « L’Épave », qui se voit incapable de lancer son « cri de guerre […] mort aux vaches » après qu’un policier l’ait réchauffé alors qu’il était à la rue en plein hiver, le jeune journaliste anarchiste concède que ses collègues et lui ne se réjouissent « qu’en apparence » du sang versé. C’est la violence que répudie Brassens et s’il se range systématiquement du côté des « voyous », ça n’est pas pour autant qu’il souhaite une mort futile à ceux dont il réprouve l’activité.

En témoigne d’ailleurs l’article qu’il consacre au verdict rendu par le procès de Nuremberg, début octobre 1946 : peine capitale pour douze des accusés. Peine certainement méritée, écrit Brassens, mais peine qui gagnerait à être appliquée à « tous les hommes politiques du monde ». Dès lors, à quoi bon d’en « bouziller une douzaine » si c’est pour que les autres continuent leurs crimes en toute impunité ?

À une époque où la guillotine fonctionne en France à un rythme inégalé depuis un siècle (« l’épuration » implique une trentaine d’exécutés par an dans les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale) sans que cela ne suscite d’indignation particulière, Brassens entame son parcours d’opposant farouche à une justice qui tue. La lutte contre la peine de mort constituera en effet un combat important dans sa vie et qu’il inclura sous la forme d’une morale cinglante dans « Le Gorille », un juge en larmes appelle à l’aide « comme l’homme auquel, le jour même / il avait fait trancher le cou ».

C’est ainsi que s’il se réjouit dans ses articles de la mort de gendarmes, il conclut en notant sa tristesse pour la fin d’une vie :

« Au fond nous déplorons la fin malheureuse d’un homme, quel qu’il soit, car peut-être celui-ci était-il trop bête pour faire autre chose qu’un gendarme et par conséquent irresponsable de sa bêtise. […]

Au fond nous plaignons la veuve et les enfants qu’il laisse peut-être et qui sont également irresponsables de la position conjugale ou paternelle. […]

Au fond, tout cela est bien triste et […] nous maudissons le hasard… oui. »

C’est une note finale bienvenue dans un texte marquée d’une profonde violence. Les articles de Brassens frappent par la crudité et la brutalité des propos qui y sont tenus. Si l’on retrouve les mêmes thèmes dans les chansons qu’il écrira plus tard, il aura abandonné ce goût pour l’action directe et l’appel au meurtre.

L'anticlérical

Bien plus portés sur la métaphore et le lyrisme poétique, les thèmes libertaires et pacifistes dans ses chansons pourront toucher un plus large public que sa prose de jeunesse.

« Sans le latin, la messe nous emmerde »

Lorsque le jeune Brassens fait ses premiers pas dans les milieux anarchistes du XVe arrondissement parisien, il inspire dans un premier temps la méfiance. Le nouveau venu, qui griffonne déjà quelques vers qu’il se plaît à lire à ses amis, fait sans cesse référence à Dieu dans ses textes. En effet, les études qui ont été faites sur les écrits de Brassens ont révélé que les références divines étaient celles qui ressortaient le plus fréquemment dans l’ensemble de son œuvre.

Héritage de l’éducation que lui a transmis sa mère pieuse ? Certainement, mais plus encore un intérêt marqué pour le phénomène de société que constitue l’église catholique dans une France où 90% des enfants sont baptisés et 70% poursuivent le rite initiatique jusqu’à la communion solennelle. Malgré son athéisme revendiqué, les textes de Brassens témoignent néanmoins d’une fascination pour le religieux.

Si ses poèmes sont parsemés de références bibliques, elles interviennent dans sa prose journalistique plus sporadiquement, et ce essentiellement pour se moquer des rites et croyances des fervents catholiques. Ainsi Brassens imagine-t-il des interventions divines d’une futilité accablante, pour mieux les tourner au ridicule :

« Un monsieur qui avait une barbe de quinze jours et qui écoutait la retransmission de la [messe à la radio] eut le bonheur d’être rasé d’un seul coup, sans rasoir. »

De la même façon, lorsqu’il apprend que d’anciens déportés ont participé au pèlerinage de Lourdes, il s’empresse de noter la contradiction apparente entre le passage par les camps de la mort et l’existence d’une bonté divine.

« Ils eussent fait montre d’une bien vilaine ingratitude s’ils n’avaient point témoigné leur reconnaissance à la religion catholique qui, pendant toute la durée de leur internement, ne cessa de les mettre dans ses litanies, ne cessa de leur dispenser ses libéralités.

Songez donc qu’ils reçurent d’elle 3 000 autels portatifs, 800 000 missels, 835 000 évangiles, des millions d’hosties, des milliers de chapelets…

De quoi pallier avantageusement la pénurie de victuailles dont ils souffraient.

Que fussent-ils devenus sans toutes ces excellentes choses ? »

Car il faut bien dire qu’au lendemain de la Seconde Guerre, l’idée d’une bienveillance céleste est particulièrement compliquée à défendre, et Brassens ne se prive pas de le souligner : « Dieu, s’il existe, il exagère », comme il l’écrira plus tard.

« Les zélateurs de la religion catholique sont bien obligés d’imputer à leur fétiche tout puissant, Jésus-Christ, la conception et la réalisation des sanguinaires mises en scène que sont les guerres mondiales.

Obligés de lui reconnaître une intervention personnelle dans les catastrophes ferroviaires et autres fariboles qui ne constituent pour lui que les plus inoffensifs et dilettantiques (sic) passe-temps.

Contraints enfin de l’inculper de complicité bienveillante dans la corruption, la vénalité et la pourriture des individus et des temps. »

Mais ce qui lui plaît surtout c’est de faire ressortir l’hypocrisie des paroissiens, premiers à prêcher une bonne parole qu’ils n’observent pas. À en croire ses poèmes, il connaîtrait bon nombre de curés qui mèneraient, une fois la soutane posée, un train de vie épicurien et fort peu catholique. C’est notamment le cas du Père Duval, prêtre jésuite ayant eu une carrière musicale dans les années 1950, à qui Brassens fera un clin d’œil malicieux en chantant qu’il l’a « surpris aux genoux de [s]a maîtresse / chantant la mélopée d’une voix qui susurre / tandis qu’elle lui cherchait des poux dans la tonsure ».

Tout aussi taquin dans ses articles, il note la présence, en « Une » de La Croix du premier septembre 1946, d’une photographie présentant un père donnant une « leçon de tire » à son fils – le tout en présence d’un large crucifix de l’autre côté de la page.

« Pauvre Christ, lequel, quelque temps avant l’accident qui devait le conduire [à la croix], disait à ses disciples ‘vous ne tuerez point.’ Disait encore, et cela au cours de Sermon de la Montagne, que les oiseaux du ciel étaient nourris par le Père céleste.

Voilà maintenant que La Croix incite ses lecteurs à tuer les oiseaux engraissés par le Tout-Puissant…

C’est assez paradoxal, convenons-en… »

Car finalement, selon Brassens, l’appartenance religieuse n’est en aucun cas un gage de bonne conduite. Et pour preuve : parmi les pèlerins de Lourdes se trouve Edmond Michelet, résistant de la toute première heure, mais nommé Ministre des Armées par le Général de Gaulle au lendemain de la guerre (« ministre-de-la-guerre-par-nécessité », attaque Brassens).

Les religieux ne s’opposent donc pas à la violence entre les hommes, pas plus qu’ils ne respectent le vœu de pauvreté pourtant préconisé par « la religion de Jésus Christ » : dans une église à Rouen, rapporte le journaliste, des personnes ont trouvé et volé des « calices en or et en argent massif ainsi que [des] colliers de pierres précieuses ». Si les principaux concernés par les enseignements théologiques ne se conforment pas leurs préceptes, quelle autorité morale ont les croyants sur les athées ?

« Je n’ai jamais tué, jamais violé non plus / Y’a déjà quelque temps que je ne vole plus / Si l’Éternel existe, en fin de compte il voit / Que je me conduis guère plus mal que si j’avais la foi » conclura Brassens dans « Le mécréant ».

En 1947, Brassens met un terme à sa brève collaboration avec l’organe de la Fédération anarchiste. Retraité du militantisme organisé, son engagement libertaire ne cessera cependant jamais. Il continuera d’ailleurs à se produire dans des galas organisés par la presse libertaire.

Dans les années 1950, sa carrière de parolier décolle, aidée par Patachou qui l’invite à se produire dans son cabaret de Montmartre. C’est le début de la gloire, qu’il connaîtra jusqu’à sa mort. En deux décennies il enregistrera plus d’une douzaine d’albums et rentrera au Panthéon de la chanson française. Il casse sa pipe le 29 octobre 1981, deux semaines après l’abolition de la peine de mort. Jamais son trou dans l’eau ne se referma.

Pour en savoir plus :

Brassens, Georges. Œuvres complètes, (dir. Jean-Paul Liégois), Paris, Le Cherche-midi, 2007

Deroudille, Clémentine. Brassens : Le libertaire de la chanson, Paris, Gallimard, coll. « découvertes », 2011

Lamy, Jean-Claude. Brassens : Le mécréant de Dieu, Paris, Albin Michel, 2004