Malgré le parti-pris hostile des rédacteurs, son attitude radicale lors du procès, longuement détaillée dans la presse, va marquer durablement les esprits. La République française retranscrit ainsi l'interrogatoire de l'accusée :
« M. le président – Vous avez entendu, accusée ; qu’avez-vous à répondre pour votre justification ?
Louise Michel – Je ne veux ni me défendre ni être défendue. J'appartiens à la Révolution sociale, et j'accepte la responsabilité de tous mes actes. Vous jugez à visage découvert. Vous n'êtes pas la commission des grâces ; c’est à visage découvert que je veux me présenter devant vous. On parle du général Lecomte, je ne vous cache pas que j’aurais tiré sur lui si j’avais été là quand il a ordonné de tirer sur le peuple, mais j’ajoute que, prisonnier du peuple, il était sacré pour moi, et que j’ai toujours considéré le fait de son exécution comme une lâcheté indigne [...].
On m’accuse d’avoir proposé l’incendie de Paris. Oui, je l'ai proposé ; mais encore une fois c’était là une idée qui m’était personnelle. Je voulais opposer aux envahisseurs une barrière de flammes. Quant à être complice des actes de la Commune, je ne m’en défends pas : les membres de la Commune voulaient comme moi la Révolution sociale, ils n’étaient ni des voleurs, ni des assassins, ni des incendiaires. Il y a eu de grands crimes commis, oui, je le sais, mais les criminels n’appartiennent pas à notre parti, ce sont des agents salariés de la police que l’on découvrira tôt ou tard.
Enfin, que voulez-vous que je vous dise ? À quoi me servirait-il de me défendre ? Est-ce que ma défense pourrait peser sur votre décision ? Vous êtes des hommes et je ne suis qu’une femme, vous me tenez désarmée entre vos mains, faites de moi ce que vous voudrez, peu m’importe. »