Les photos de Robert Capa pendant la guerre d'Espagne
En 1936, le grand photographe part en Espagne couvrir la guerre civile. Ses photos feront le tour du monde. En France, elles paraissent dans le quotidien « Ce Soir ».
Le Hongrois Robert Capa, de son vrai nom Endre Ernő Friedmann (1913-1954), est sans doute le photographe de guerre le plus connu du XXe siècle. Et ce sont ses clichés de la guerre d'Espagne, où il s'est rendu en tant qu'envoyé spécial aux côtés des forces républicaines à partir d'août 1936, qui l'ont rendu célèbre.
En France, ses photos vont d'abord paraître dans les magazines Regards et Vu, puis, à partir de 1937, dans le quotidien à grand tirage Ce Soir. Le 30 décembre, le journal publie les clichés que Capa a pris lors de la bataille de Teruel, au nord-est du pays – bataille qui sera remportée par les forces républicaines.
En plus de ses photos, Ce Soir publie un récit de Capa lui-même, qui raconte avoir été pris au milieu d'une violente fusillade :
« Ce fut alors la lutte de chambre en chambre. Une lutte sans merci, à la grenade. Tous les murs semblaient avoir été minés : des explosions retentissaient de partout.
Dominant les bruits secs des revolvers, entre les rares secondes de silence qui suivaient l'éclatement des grenades, on entendait au cœur du bâtiment s'élever les cris d'Arriba Espana ! et les plaintes des malheureux que les factieux avaient entraînés avec eux pour leur servir d'otage, au moment où ils s'enfermèrent dans le palais. »
Capa, face à l'horreur du conflit, est devenu un fervent militant antifasciste, prenant fait et cause pour les républicains. En novembre 1938, il photographie la bataille du Sègre, qui fait rage depuis de longs mois à la frontière entre l'Aragon et la Catalogne.
La bataille se clôt par la victoire franquiste, lorsque, brisant le front, les troupes antirépublicaines pénètrent en Catalogne.
L'envoyé spécial photographie les combats, mais aussi les longues files de réfugiés et les cadavres des victimes de l'aviation de Franco qui s'entassent sur le bord des routes.
Avec ses photos, le Hongrois entend toucher les consciences et pousser les gouvernements étrangers à intervenir. Le 25 janvier 1939, alors que l'offensive de Catalogne bat son plein, une photo de Capa est choisie par Ce Soir pour illustrer un article d'Aragon dans lequel l'écrivain demande au gouvernement français d'intervenir pour sauver « les 50 000 enfants de Barcelone ».
Enfin, le 29 janvier, Ce Soir publie en pleine page d'autres photos de réfugiés. Capa commente : « Et ces êtres humains ne fuient pas ; ils vont droit devant eux, sur la route, comme pour la dernière étape. »
Sa photographie Mort d'un soldat républicain, prise en Espagne le 5 septembre 1936, et qui montre un combattant à l'instant où il est frappé par une balle, restera la plus célèbre de ce conflit. Des doutes sur son authenticité ont toutefois été formulés par la suite.
Le 1er avril 1939 s'achevait la guerre d'Espagne, remportée par les franquistes.
Pour le magazine américain Life, Robert Capa couvrira en 1944 le débarquement de Normandie. Le futur co-fondateur de la mythique coopérative photographique Magnum sera le seul photographe présent.
Il mourra en 1954, pendant la guerre d'Indochine, en marchant sur une mine antipersonnel tandis qu'il parcourait le Viêt Nam aux côtés des troupes françaises. Considéré comme un pionnier du photoreportage, son influence sera déterminante sur tous les photographes des générations suivantes.
On lui attribue souvent cette phrase : « Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c'est que vous n'êtes pas assez près. »