Ces actions sont conjointes et liées par un même but. Les uns après les autres, les entrepôts de blé sont visités. Les réserves sont confisquées et revendues à un juste prix à la Halle aux grains : le pain est vu comme un bien commun, qui doit être vendu à des prix raisonnables. Comme en Amérique plus d’une dizaine d’années auparavant, les insurgés se révoltent contre les taxes injustes et brisent leurs symboles. Affirmant représenter « le tiers état », les Parisiennes et les Parisiens des faubourgs prennent les barrières comme d’autres, au même moment, prennent la Bastille.
Les questions économiques du quotidien forment ainsi le premier combat politique du peuple français en révolution. Non que les futurs Sans-culottes s’engagent dans la Révolution parce qu’ils n’aiment pas l’impôt. C’est la fiscalité injuste qu’ils attaquent, celle qui pèse sur les plus pauvres : pas étonnant que la destruction des barrières, à laquelle la rotonde de la Villette ou les colonnes du Trône (place de la Nation) ont échappé, ait été vécue comme une prise de souveraineté.
–
Pour en savoir plus :
Momcilo Markovic, « La Révolution aux barrières : l’incendie des barrières de l’octroi à Paris en juillet 1789 », in: Annales historiques de la Révolution française [En ligne], no 372, avril-juin 2013
–
Guillaume Mazeau est maître de conférences en histoire à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il est également commissaire d'expositions et conseiller historique pour le théâtre et la télévision.