La rédaction du testament de Louis XVI
Le jour de Noël 1792, Louis XVI rédigea son testament en prison. Le texte fut rendu public le lendemain de sa mort.
C'est la victime la plus célèbre de la Révolution française : le 21 janvier 1793, le roi Louis XVI, jugé coupable de trahison par la Convention nationale, est guillotiné. Avant de mourir, il laisse un testament qui sera publié le lendemain de sa mort, le 22 janvier, dans le Mercure Universel.
La lettre est précédée d'une introduction rédigée par les révolutionnaires, dans laquelle le défunt roi de France est surnommé « Louis Capet » :
« Paris. Aujourd'hui 21 janvier 1793, à 11 heures du matin, a été exécuté le jugement de la convention nationale, qui condamne Louis Capet à la mort ; l’exécution s’est faite sur la place de la Révolution, ci-devant Louis XV. On avait fait craindre quelques mouvements. On avait mis sur pied une force imposante. Paris a été calme. Louis a été mené au supplice dans la voiture qui l'avait conduit à la convention ; lorsqu’il a été sur l’échafaud, il s’est tourné vers le peuple et s’est écrié : Je pardonne à mes ennemis, je meurs innocent. Tels ont été ses dernières paroles. »
Puis vient le texte rédigé par Louis XVI, le 25 décembre 1792 :
« Au nom de la Très-Sainte-Trinité, du Père, du Fils, et du Saint Esprit, aujourd’hui vingt-cinquième jour de décembre 1792, moi Louis XVI, du nom, roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant, avec ma famille, de plus impliqué dans un procès dont il est impossible de prévoir l'issue, à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyens dans aucune loi existante ; n'ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, je déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes sentiments. »
Après avoir remis son âme à Dieu (on lui a refusé un confesseur), il écrit :
« Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont faits mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet ; et je prie Dieu de leur pardonner, de même qu'à ceux qui par un faux zèle ou par un zèle mal entendu, m'ont fait beaucoup de mal. Je recommande à Dieu ma femme et mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang ou par quelque autre manière que ce puisse être ; je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur, qui souffrent depuis longtemps avec moi. »
Puis Louis XVI s'adresse à son fils, le dauphin, futur Louis XVII, alors âgé de sept ans (il mourra en 1795) :
« Je recommande à mon fils, s'il avait le malheur de devenir roi, de songer qu'il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens ; qu'il doit oublier toute haine, tout ressentiment, et nommément ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j'éprouve ; qu'il ne peut faire le bonheur des peuples qu'en régnant suivant des lois : mais en même temps qu'un roi ne peut les faire respecter, et faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu'autant qu'il a l'autorité nécessaire ; et qu'autrement étant lié dans ses opérations et n'inspirant point de respect, il est plus nuisible. »
Avant de conclure :
« Je finis en déclarant devant Dieu, et prêt à paraître devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi. »
Le texte est émaillé de notes ironiques de la part des révolutionnaires, qui écrivent par exemple en bas de page : « Louis prouve ici qu'il est pleinement convaincu de cette vérité : c'est que le fanatisme est le plus ferme appui des rois », ou « Quelqu'un l’a dit, un roi ne pense pas comme un homme ! ».