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Révolution dans Paris : Le Constitutionnel narre le début des Trois Glorieuses

le 24/10/2023 par Le Constitutionnel
le 09/03/2023 par Le Constitutionnel - modifié le 24/10/2023

Mercredi 28 juillet 1830. Le quotidien politique Le Constitutionnel, que la censure a jusqu'alors empêché de paraître, sort enfin des presses. Mais au lieu des quatre pages habituelles, les lecteurs se retrouvent face à un seul feuillet. Quarante ans après la Révolution, Paris est de nouveau en feu.

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Juillet 1830. Charles X, au pouvoir depuis cinq ans, mène une politique de plus en plus autoritaire, qui tend vers un retour à la monarchie absolue. Au mois de mars 1830, 221 députés signent une adresse au roi lui demandant d'assouplir sa politique ; en réponse, le roi dissout la Chambre. Dans la foulée, il promulgue les ordonnances de Saint-Cloud le 25 juillet 1830. Elles ont pour effet : la suspension de la liberté de la presse, une réforme favorable aux propriétaires fonciers et une nouvelle échéance électorale. C'est la censure de la presse qui va mettre le feu aux poudres.

Dès le lendemain, journalistes et ouvriers typographes se rassemblent à Paris, rapidement rejoints par un cortège d'étudiants et de nombreux parisiens. Le 28 juillet, des barricades sont élevées et l'Hôtel de Ville est pris par les émeutiers. Au terme de ce qu'on nommera bientôt les Trois Glorieuses, le bilan fait état d'un millier de morts.

Mais la révolution porte ses fruits. Le 2 août, Charles X abdique en faveur de son petit-fils, ce à quoi s'opposent les Chambres.  C'est Louis-Philippe, duc d'Orléans, qui est nommé non pas roi de France, mais « roi des français », parce que « prince dévoué à la cause de la Révolution ». La Restauration est terminée. Place à la monarchie de Juillet, qui tire son nom de ces trois journées.

La force matérielle seule a pu empêcher jusqu’à présent le CONSTITUTIONNEL de paraitre ; il ne cessera jamais d’être voué à la sainte cause de la liberté

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Le pacte d’alliance est rompue [sic] ; on sait qu’elles [sic] indignes mains l’ont brisé. Lâches, autant que cruels, ils ont recours à la force brutale, et déjà le sang de vos enfans, de vos femmes, de vos amis, de vos concitoyens a inondé les rues de la capitale ; mais les véritables Français ont couru aux armes ; les soldats français, citoyens aussi, ont prouvé qu’ils appartenaient, non à une implacable faction qui rend enfin le dernier soupir ; mais à la France, à la France seule qui appelle aujourd’hui tous ses enfans.

A les entendre nos braves soldats d’Alger n’auraient été glorieusement porter la civilisation sur les rivages africains que pour aller y chercher la barbarie, l’esclavage, afin de venir les implanter en France. Nos braves sont indignement calomniés ; si quelques-uns d’entr’eux reviennent, ils courront tous sous les drapeaux de la France.

Nous sommes déjà vainqueurs ; la tyrannie se cache dans l’ombre et fuit.

Le soleil de la liberté luit brillant sur nos têtes ; il éclaire le dernier jour de l’oppression, pour renaître resplendissant et assister au triomphe à jamais assuré de la liberté.

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Le premier sentiment qui ait frappé une grande nation qu’on insultait a été l’étonnement et la stupeur. La consternation a été courte. Deux jours ne sont pas écoulés depuis la promulgation des ordonnances Polignac, et déjà Paris tout entier, Paris, dans une unanimité de volonté, où il ne s’était point rencontré depuis la glorieuse année 1789, proclame son indignation.

Le commerce ferme ses ateliers, les garde nationales courent aux armes, et ce soir la force légale opposée à la force brutale aura rétabli l’ordre troublé un moment par le délire de cinq ou six misérables décorés au nom de ministres.

A onze heures du matin ;  tous les gardes nationales étaient déjà réunis dans le faubourg Saint-Germain. Les dignes jeunes gens des écoles de médecine et de droits couverts presque tous d’un habillement uniforme, armés de pistolets de combats et d’armes prises chez un grand nombre d’armuriers, qui les ont livrés sans résistance et sans vouloir en accepter le prix se joignaient à cette opposition généreuse. Honneur à qui les combattra pour la cause ; payée du sang de nos pères et achetée par nous-mêmes, et de tant de sacrifices et de résignation depuis seize années ! il est temps de nous montrer dignes du nom français.

Les agens du pouvoir, ainsi lâches qu’ils étaient insolens sont en fuite de toutes parts. Ils appellent en s’éloignant des troupes qui seront reçues dans nos murs comme des frères.

  • Les députés de la France sont réunis dans ce moment. Ils rédigent une protestation contre le coup d’état et dans lequel ils déclarent que le Roi n’est pas libre.
  • Un bataillon du 53e régiment de ligne défile sur les boulevards des Italiens, confondu avec le peuple. Il est accueilli par de vives acclamations ; on entend partout répéter vive la ligne !
  • Rouen et Orléans sont aux armes. Point de résistance, elle eut été vaine. Le Drapeau français flotte dans ces deux villes.
  • Toutes les légions de la garde nationale, si indignement dissoutes, sont sur pied, en uniforme et en armes. Le tambour bat.

La seconde édition est sous presse