Les timides débuts de l'écologie
En 1913, un congrès se tint à Berne pour la protection de la nature. Il n'eut quasiment aucun écho.
C'est l'une des toutes premières initiatives visant à protéger l'environnement : le congrès de Berne pour la « Protection mondiale de la nature », organisé par le gouvernement suisse en novembre 1913. Le constat qui y est fait est celui de la dégradation de la nature par l'homme, notamment par la chasse et la surexploitation, comme le rapporte Le Temps du 19 novembre :
"La destruction des animaux, des plantes, des sites pittoresques, marche actuellement si grand train que la terre risque d’être rapidement transformée en une vaste étable coupée de potagers. La chasse aux animaux sauvages est de même sans merci ; la magnifique faune de l’Afrique, dernier reste de la faune tertiaire, est fortement entamée : antilopes, girafes, éléphants, hippopotames, rhinocéros, chimpanzés, gorilles, etc., ne seront bientôt, plus qu’un souvenir ; les Norvégiens font une consommation stupéfiante de baleines, qu’il vont chasser sur toutes les mers ; que dire des oiseaux de paradis qui n’habitent que la Nouvelle-Guinée, grande comme l’Angleterre, et qui doit suffire à la demande incessante de nos cruelles élégantes ?"
Toutefois, le congrès de Berne, qui entendait fonder une Commission consultative pour la protection internationale de la nature, aura très peu d'écho. La guerre interrompra ses travaux et la Commission ne sera pas relancée après 1918.
Il faut dire qu'à l'époque, on est encore loin, tant dans la communauté scientifique que parmi le grand public, de prendre la réelle mesure des atteintes des activités humaines à l'environnement. La notion d'écologie existe déjà, pourtant, puisqu'elle fut inventée en 1866 par Ernst Haeckel, un biologiste allemand, qui forgea le terme à partir du grec oikos (maison, habitat) et logos (discours). Le 17 juillet 1930, Le Journal des débats politiques et littéraires en propose une définition :
"[…] Ce que cherche l'écologiste, ce sont les raisons physiques, chimiques et autres, qui déterminent l'habitat des animaux — car c'est de ceux-ci seulement qu'il s'occupe. Il est certain que chaque espèce a ses préférences. Mais celles-ci sont diverses : d'ordre physique, d'ordre météorologique ; combien ne faut-il pas considérer d'éléments dans un climat ? Et puis, il faut envisager aussi le milieu vivant, les autres formes, dont l'influence peut être capitale."
Mais il faudra attendre la seconde moitié du XXe siècle pour que l'écologie, d'abord simple science, prenne la connotation protectionniste et politique qu'elle possède aujourd'hui.