1844 : parution du « Comte de Monte Cristo » d'Alexandre Dumas
L’œuvre d'Alexandre Dumas a d’abord été publiée en feuilleton dans « Le Journal des Débats Politiques et Littéraires », avant de devenir l'un de ses romans les plus célèbres dans toute l'Europe.
L'une des oeuvres les plus célèbres d'Alexandre Dumas, le Comte de Monte Cristo, a été publiée en feuilleton dans Le Journal des Débats Politiques et Littéraires d'août 1844 à janvier 1846. La Presse avait déjà publié en 1836 son premier roman-feuilleton, La Comtesse de Salisbury, une épopée guerrière dans laquelle s'exprimait déjà le souffle des futurs grands romans d'aventure de Dumas.
Les lecteurs de l'époque sont friands de ces récits distrayants qui s'affichent au "rez-de-chaussée" des journaux, c'est-à-dire sur une colonne horizontale en bas de page.
Trahison, désespoir, vengeance : dans Le Comte de Monte-Cristo, tous les ingrédients sont réunis pour les passionner jour après jour, semaine après semaine.
Le roman commence au début du règne de Louis XVIII, le 24 février 1815, jour où Napoléon quitte l'île d'Elbe. Edmond Dantès, un jeune marin de dix-neuf ans, second du navire Le Pharaon, débarque à Marseille pour s'y fiancer le lendemain avec la belle Catalane Mercédès. Mais voilà que son rêve se brise quand il est trahi par des envieux, qui l'accusent d'être un conspirateur bonapartiste [lire l'épisode Le noir des fiançailles].
"Sire, je suis arrivé le plus rapidement possible à Paris pour apprendre à Votre Majesté que j'ai découvert dans le ressort de mes fonctions, non pas un de ces complots vulgaires et sans conséquence, comme il s'en trame tous les jours dans les derniers rangs du peuple et de l'armée , mais une conspiration véritable, une tempête qui ne menace rien moins que le trône de Votre Majesté. [...]
Cet homme, marin turbulent, et d'un bonapartisme qui m'était suspect, a été secrètement à l'île d'Elbe. Il y a vu le grand-maréchal qui l'a chargé d'une mission verbale pour un bonapartiste de Paris dont je n'ai jamais pu lui faire dire le nom, mais cette mission était de préparer les esprits à un retour [...] qui ne peut manquer d'être prochain.
- Et où est cet homme ? demanda Louis XVIII.
- En prison, Sire."
Edmond Dantès est fait prisonnier dans une geôle du château d'If, au large de Marseille. Après quatorze années d'enfermement, il parvient à s’évader et prend possession d'un trésor caché dans l’île de Monte-Cristo [lire l'épisode Le Trésor]. Riche, puissant et déterminé à se venger, il se fera passer pour divers personnages, dont le comte de Monte-Cristo [lire l'épisode Expiation]
— Ah! Je te reconnais, je te reconnais ! dit le procureur du Roi ; tu es... — Je suis Edmond Dantès ! —Tu es Edmond Dantès ! s'écria le procureur du Roi en saisissant le comte par le poignet ; alors viens ! Et il l'entraîna par l'escalier, dans lequel Monte-Cristo étonné le suivit, ignorant lui-même où le procureur du Roi le conduisait, et pressentant quelque nouvelle catastrophe. Tiens ! Edmond Dantès, dit-il en montrant au comte le cadavre de sa femme et le corps de son fils ; tiens ! regarde, es-tu bien vengé !... Monte-Cristo pâlit à cet effroyable spectacle ; il comprit qu'il venait d'outrepasser les droits de la vengeance ; il comprit qu'il ne pouvait plus dire : Dieu est pour moi et avec moi."
Ce roman est, avec Les Trois Mousquetaires, l’un des plus connus de l’écrivain tant en France qu’à l’étranger. Ses feuilletons ont contribué à populariser son oeuvre dans l'Europe entière [lire notre article consacré à Dumas feuilletonniste et patron de presse].