Les revendications de la Fédération des artistes rejoignent celles des communards ?
Il y a bien évidemment un alignement autour de l'autogestion, de l'indépendance, de la fraternité, de l'égalité, mais aussi des spécificités. La question de la liberté de l'art, avec une revendication très forte à être indépendants, et celle de la responsabilité sociale et morale de l'artiste sont très importantes. C'est la tradition jacobine révolutionnaire.
En matérialisant les idéaux de la Commune, les artistes veulent régénérer politiquement et moralement la société. Il s'agit de produire des œuvres qui auront une efficacité sociale sur les citoyens. Il s'agit notamment d'ouvrir les musées au public pour en faire des lieux d'éducation populaire et d'introduire la formation au dessin et à la peinture dans le système scolaire. Les artistes participent à l'organisation des grandes commémorations. L'organisation de concours pour des décors d'édifices, des monuments...
Il y a aussi le fameux épisode de la colonne Vendôme, avec l'implication de Courbet.
C'est un des évènements symboliques les plus forts de la Commune dans l'espace public. On décide d'abattre ce monument, qui est considéré comme le symbole napoléonien de la guerre entre les peuples. La colonne Vendôme est en contradiction ouverte avec les valeurs de fraternité, de pacifisme et de solidarité que porte la Commune. Le décret visant à la faire tomber va associer Courbet.
C'est, par définition, un artiste très atypique. Par sa situation, par sa réputation, par son sens du scandale, par ses succès au Salon, il occupe une position centrale au lendemain de la Révolution de 1848. Il est en lien avec un grand nombre de journalistes, de critiques, d'écrivains, d'intellectuels qui seront, d'une manière ou d'une autre, sollicités par la Commune. Dès l'automne 1870, il a publié un appel au déboulonnage dans la presse. Il voulait transférer la colonne dans un musée. En mai 1871, elle sera mise à bas et on l'accusera d'être l'instigateur de cette action. Cela lui vaudra d'être traduit devant le Conseil de guerre et d'écoper d'une peine de prison.