« Vague de chaleur, vague de crimes »
Quand il fait chaud, l'homme perd son sang froid et est capable des pires atrocités. C'est ce qu'affirme le chroniqueur Maurice de Waleffe dans Le Siècle en 1921, alors qu'une chaleur sans précédent s'abat sur la France.
Juillet 1921. Une intense vague de chaleur déferle sur l'Europe et les États-Unis. "Ah... Chaleur !... ", se lamente-t-on en France, qui connaît "le semestre le plus sec qui ait jamais été enregistré depuis que la météorologie existe". Plusieurs morts sont à déplorer à Paris, la revue du 14 juillet est annulée...
Le journaliste et chroniqueur Maurice de Waleffe (connu par ailleurs pour être à l'origine du concours de Miss France) signe une étonnante chronique dans laquelle il fait le lien, illustrations à l'appui, entre chaleur et criminalité :
"A toute vague de chaleur correspond une vague de crimes. [...] Parce que, plus il fait chaud, plus l'homme perd ce qu'on appelle justement son sang froid. Géographiquement, pourquoi la femme est-elle plus libre dans les pays septentrionaux qu'en Orient ? Parce qu'elle y court moins de dangers.
Vis-à-vis des animaux, également exposés aux brutalités du Roi de la Création, l'homme se montre plus cruel à mesure qu'il se rapproche de l'équateur. Voyez l'Arabe qui entretient une plaie saignante au garrot de son âne pour pouvoir l'aiguillonner, et voyez les courses de taureaux qui, nées sous le brûlant soleil de l'Espagne, n'ont jamais pu dépasser, en France, la latitude de Nîmes."
Poursuivant son exploration du passé, Maurice de Waleffe relève nombre de faits historiques appuyant cette théorie :
"L'esclavage, dans l'ancien empire romain, était dur. Il ne fut jamais aussi bestial que celui des traitants Arabes exportant des nègres dans l'Amérique du Sud et les Antilles, pays chauds.
En France, les exagérations de la Terreur révolutionnaire commencent avec l'été de 1793 pour atteindre leur maximum en thermidor 1794. [...]
Le phénomène n'est pas douteux pour les Allemands. On sait quelle chaleur exceptionnelle régnait en août 1914. Quand les armées du kaiser déferlèrent sur la Belgique et le Nord de la France, elles commirent des excentricités ineffaçables, qui cessent brusquement avec les premières fraîcheurs de septembre. Les cruautés du reste de la guerre furent des cruautés par ordre, froidement hypocrites. Celles d'août 1914 portaient la marque d'un sang échauffé par des journées torrides."
Et l'auteur de conclure : "Parisiens, mes frères ! Voici la chaleur, l'irritante chaleur ! Buvons frais et maîtrisons nos nerfs."
Plusieurs études ont, depuis, établi un lien entre fortes chaleurs et hausse de la criminalité.