VILLAGE DE LA FRANCOPHONIE
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Après le vote des lois constitutionnelles en 1875, de nombreux républicains pensent que la consolidation de la République passe par l’école. Il s’agit de laïciser l’école afin d’affranchir les consciences de l’emprise de l’Église et de fortifier la patrie en formant des citoyens.
Considérant que l’Église représente une menace en cas de tentative de restauration monarchique, plusieurs républicains engagent un combat afin de limiter l’influence ecclésiastique sur la société, en commençant par l’école. Le journal Le Gaulois du 19 mars 1879 parle d’une « guerre contre la religion ». Parmi les hommes politiques les plus actifs se trouve le ministre de l’Instruction publique du gouvernement Waddington, Jules Ferry. En un peu plus d’une année, il fait voter plusieurs lois.
Le 15 mars 1879, Jules Ferry, présenté comme le seul véritable républicain par le journal Le Rappel, dépose deux projets de loi à la Chambre des députés. Le premier, qui est la clé de toutes les autres réformes, prévoit de réformer le Conseil supérieur de l’instruction publique tandis que le second concerne l’enseignement supérieur. Avant de mettre en œuvre son projet scolaire, Jules Ferry entend mettre un terme à l’influence de l’Église dans les conseils académiques et dans les facultés d’État.
La première véritable prise d’armes a pour objet l’article 7 de la loi sur l’enseignement supérieur qui interdit l’enseignement aux membres des congrégations non autorisées (Maristes, Jésuites et Dominicains) et qui suscite d’âpres débats dans l’opinion publique et au Sénat qui le rejette le 18 mars 1880.
Après s’être attaqué à la formation du personnel enseignant et après avoir lutté contre les congrégations, les républicains prononcent la gratuité de l’école publique (loi du 16 juin 1881) et exigent des instituteurs l’obtention d’un brevet de capacité (loi du 16 juin 1881). L’école est également rendue obligatoire pour les enfants des deux sexes, âgés de 6 à 13 ans (loi du 28 mars 1882).
Cette nouvelle école est l’objet d’attaques virulentes venant des partis républicains de droite mais surtout de l’Église. Les défenseurs de la réforme scolaire n’hésitent pas une seconde à se moquer de ces conservateurs.
Les lois Ferry permettent une scolarisation quasiment complète des enfants français au moment où une grande partie de la population croit dans les bienfaits de l’école. Encore faut-il que chaque commune dispose d’une école communale, ce que prévoit la loi sur la construction des maisons d’école et la constitution d’une caisse de financement.
L’enseignement étant donné en français, toutes les langues locales (breton, auvergnat, kabyle) sont qualifiées de « patois » et interdites. L’école devient l’un des instruments de la « nationalisation de la société » par l’État et la consolidation de l’État-nation.
Formés dans les écoles normales, les « hussards noirs de la République » seront l’un des principaux soutiens sociaux du parti radical, qui domine la scène politique française durant la IIIe République.
Jules Ferry (1832-1893)
Né en 1832 à Saint-Dié, Jules Ferry est un avocat républicain opposé au Second Empire. Maire de Paris en 1870-1871, il dirige plusieurs gouvernements (1880-1881 et 1883-1885). De son parcours politique, on retient principalement les lois scolaires mais également son engagement pour l’expansion coloniale. Après l’affaire du Tonkin, qui cause sa chute politique, il connaît plusieurs revers politiques et échappe à deux tentatives d’assassinat. Président du Sénat, il décède brutalement le 17 mars 1893.
Madame Langlois, A. Prost, M. Denux parlent de l'école publique
Émission : Vive l'histoire
Participant : Antoine Prost
Bibliographie
Vincent Duclert, La République imaginée (1870-1914), Belin, 2014.
Françoise Mayeur, De la Révolution à l’école républicaine, Histoire générale de l’enseignement et de l’éducation en France (tome III), Nouvelle Librairie de France, 1981.
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